Sherlock 21st Century
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Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
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 A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]

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Vicky Grant
Criminel | Kiss of Death
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Vicky Grant

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A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] _
MessageSujet: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMar 10 Jan - 13:11

A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] 006g2800
"Le thé, bien que moqué par les âmes naturellement rustres,
restera à jamais le breuvage privilégié des gens d esprit."
Thomas de Quincey


Un jour de pluie, pas diluvienne mais plutôt fine, un air profondément humide collant au moindre carré de peau que les vêtements ne protègent pas. Le ciel n'est pas sombre pour autant, entre blanc et gris et en somme ; c'est un temps de saison. Devant la porte du Black Iris la fumée d'une cigarette s'échappe doucement des lèvres de la propriétaire. Il fait particulièrement frais oui mais elle ne le sent pas vraiment, en témoigne le chemisier de satin couvrant son buste et sa jupe au dessus du genoux. Jamais très couverte, une question d'habitude. Profitant de sa pause, elle regarde passer les gens sous leur parapluie, hélant un taxi ou s'abritant même sous leur journal fraichement acquis ; incroyable comme un peu d'eau les stresse. Elle les trouve fades, tous les mêmes ; c'est un peu comme regarder une image floue, sans contours définis, sans charme … En soit, c'est assez démoralisant.

Aujourd'hui Vicky Grant ne s'attend pas à exploser son chiffre d'affaire ; la population préféra certainement rester au chaud et plus encore si elle est âgée mais elle connait quelques aventureux, ceux dont la routine interdirait de manquer une tasse de thé quotidienne dans son salon. Puis elle ne croule pas sous les dettes ; loin de là même … ses petites ventes officieuses rapportent largement de quoi couvrir ses dépenses. Malgré tout, attendre le client est toujours un peu frustrant pour un commerçant et joquer dans la boutique n'est pas pour ravir la jeune femme.

Cigarette achevée, elle l'écrase dans le cendrier et retourne à l'intérieur. Ah ce vide, ce silence. Appréciable chez elle mais tellement ennuyeux ici ; alors elle pousse le pas jusqu'au comptoir et allume la chaine hifi, un air de violon lui caressant bientôt les oreilles. Autant s'occuper, il y'a toujours quelque chose à faire comme un coup de chiffon, des boites à remplir, des tasses à ranger ou un peu de comptabilité. Un léger soupir et elle s'y met, son regard dérivant de temps à autre sur les gouttes d'eau filant le long des vitres.



Treize heure trente, les minutes se suivent et se ressemblent. Trop peu de monde hormis deux étudiantes couinant devant les derniers magazines people ; un employé de bureau désagréable, une femme d'âge mûre hautaine et antipathique … à croire qu'elle n'avait droit qu'à ce genre de client. Ont-ils tous décidé d'oublier leur cerveau et leur politesse quelque part ? À méditer.
Un soupir, un vrai, blasé cette fois. Toute solitaire qu'elle est, Vicky apprécie pourtant les discussions pourvu qu'elles soient intelligentes, enrichissantes ; et constater comme les autres peuvent se montrer stupides la rendrait presque grognon. Mais ce n'est pas comme si elle y pouvait quelque chose en définitive. Alors elle prend son mal en patience, espère qu'une âme « cultivée » passera sa porte avant ce soir. Hades baille, soufflant lourdement tout en étirant sa grande silhouette canine pour mieux se recoucher ensuite. Visiblement lui non plus n'aime pas sa journée.
Sms ; la sonnerie la sort de ses réflexions. Une commande, enfin de quoi occuper son esprit. Une commande, un poison à effet rapide. Oh elle en a bien ; soigneusement rangé et prêts à prendre, il ne lui faudra qu'un peu de réflexion. Une gorgée de café et elle répond successivement aux messages. Marché pratiquement conclus, il passera demain. Ce fut rapide …
Le menton appuyé sur sa main, elle laisse trainer ses yeux bleus lagon sur la vitrine, sur les pâtisseries, les chocolats, les douceurs pouvant accompagner le thé. Plus jeune, elle les aurait peut-être préparée elle même, par envie de faire plaisir à sa petite famille mais ceux là sortent de chez un pâtissier travaillant à sa commande. Elle n'a plus le goût de cuisiner …

« Bonjour Vicky ! »

Elle lève la tête, croise le regard d'une veille femme qu'elle commence à bien connaître depuis le temps qu'elle fréquente le salon. Un petite dame toujours coiffée d'un chignon et d'un chapeau, les yeux malicieux et le sourire tendre. Une adorable veuve d'avocat.

« Bonjour Julia, vous allez bien ? »
« Bien mon petit, et toi dis moi ? Toujours pas de prétendant patientant sous ta fenêtre ? » Demande-t-elle en laissant son parapluie près de la porte.

La remarque tire un demi sourire à la jeune femme, le sujet est récurent. Mais ses clients la taquinent seulement.

« Toujours pas non, mais dites moi plutôt ce qui vous ferait plaisir aujourd'hui. »
« Oh oui, en fait j'aimerai deux parts de ce bon gâteau que nous prenons d'ordinaire avec Mary, je vais lui en porter. »
« Son arthrose ne s'arrange pas décidément, et le temps n'aide en rien. »
« Et oui, du coup je vais pousser le pas jusque là mais je ne l'aurai pas fait sans sa pâtisserie favorite ! »

Des banalités échangées, quelques avis sur les articles du journal le temps de préparer la commande et de la payer. Et bien que la visite de Julia soit courte, elle était tout ce qu'il a de bienvenu.

« A très vite Vicky, nous viendrons tous dés que Mary ira mieux. Fais attention à toi d'ici là ! »

L'accompagnant, son interlocutrice lui ouvre la porte et hoche la tête.

« Promis, dites lui bonjour de ma part et rentrez bien surtout. »
« Ce sera fait ; au revoir ! »

Un petit signe de la main et la voilà partie en trottinant sous son parapluie. Oui il pleut plus fort maintenant … Alors elle retourne à l'intérieur, replace une chaise qu'elle juge décalée, lisse les plis d'une nappe, arrange le vase d'Iris noires posé sur un meuble, le tout au son de la Trille du Diable, un air de violon qu'elle apprécie tout particulièrement. La porte s'ouvre à nouveau, sur un homme cette fois. Un homme bien de sa personne, qu'elle trouve élégant voir même charismatique. Oui, il a belle allure. Vient-il attendre que la pluie passe le temps de boire un thé, attend-il quelqu'un ? C'est possible ; à moins qu'il ne désire un autre genre de renseignement. Quoi qu'il en soit elle s'avance à sa rencontre pour le saluer ; en digne commerçante.

« Bonjour Monsieur. »

Qui sait, peut-être sera-t-il capable de rendre à cette pauvre journée une saveur particulière ? Elle ose y croire ; intuition ou fausse impression seul le temps le dira.


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Joel Belsph
Civil | Oh captain, my captain !
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Joel Belsph

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•Thème : Captain my Captain

A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] _
MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMar 10 Jan - 22:08

    Le ciel était grognon aujourd’hui, on pouvait rien faire sous un gris pareil. Le matin passa, lent et sans couleur, avec une odeur de café solitaire et un arrière goût de brûlure à l’intérieur. Joël se demanda un instant s’il allait sortir, faire un effort… Ce serait quelque chose de bien, non ? Juste respirer l’air du dehors et oublier de peindre la vie à sa douleur. Il aurait put, il aurait put oui si Helen le lui avait demandé. Par amour pour elle, par volonté aussi sauf que la femme qu’il avait aimée n’était rien plus désormais qu’un nom porté en soit comme une douleur.
    Helen ne pouvait plus rien demander et lui, lui il ne pouvait plus rien avoir. De temps en temps –mais cela était son secret- il l’imaginait devant lui, à lui parler et à le guider. Les fantômes n’existaient pas et cela était bien malheureux car sinon nuls doutes que Joel aurait maudit le nom de sa femme pour qu’elle reste à ses côtés, ectoplasme en peine que rien n’aurait pu apaiser. Mais les fantômes n’existaient pas, contrairement au chagrin et aux regrets, cela était bien malheureux car la vie, personne ne la choisit mais que peut-on y faire ?

    Il aurait aimé qu’elle soit là, devant lui, son manteau sur les épaules, à lever les yeux au ciel. Parce qu’il mettait du temps, qu’il était jamais prêt, qu’il avait encore perdu les clefs. Parce qu’il l’énervait, que cela était réciproque – Cesse-donc de crier, Helen ! - et qu’il y avait eut tout ce temps, oh tout ce temps de gâché.
    Il sortait sans voix pour le sermonner, dieu ce que cela lui manquait. Et personne ne marchait d’un pas énervé juste devant lui, personne pour se retourner, le regarder avec des yeux furibonds Personne, pas elle, plus jamais elle…

    Joel Belsph marcha e longues heures dans une Londres qu’il ne connaissait plus. Il n’avait pas de but, se contentant de baisser la tête sous la pluie et de ressasser de vieux souvenirs. Qu’allait-il faire, se noyer encore dans une noirceur qu’il accueillait à bras ouverts ? Il était faible, le savait et ne s’en cachait pas. Trop de choses à se reprocher, toujours trop…

    L’après-midi apporta une pluie de plus en plus forte. Quelqu’un là haut était-il lui aussi occupé à dégueuler son chagrin ? Triste monde que le nôtre, néanmoins Joel commençait à avoir froid : il avait passé depuis longtemps l’âge de jouer au poète maudit. Où se réfugier : la maison, le métro ? Il y avait la promesse de verres d’alcool dans les cafés, d’ivresse amère pour ne rien apaiser.
    Il ne voulait pas : pas de cette vie là, pas du nom qu’il portait, pas des souvenirs qu’il avait mais malheureusement, il ne pouvait rien rapporter au magasin contre échange. Il fallait vivre avec des bouts de cœurs et des ruines d’humanité, c’est tout… Vivre et se rappeler combien on est vieux, combien on est con mais surtout combien on est seul.
    Avec Helen, les gros chagrins s’étaient toujours soignés dans des tasses de thé. Est-ce qu’il pouvait faire pareil aujourd’hui, juste aujourd’hui ? Alors, avec son regard d’homme sans siècle, d’étranger sans temps, Joel entra dans un salon de thé. L’endroit était accueillant, un de ceux qui convenaient aux jeunes amoureux. Ce qu’il n’était plus depuis longtemps…

    Un chien par terre, quelques tables par ci par là, un air de violon en fond sonore. Il reconnaît le morceau pas l’auteur. C’est souvent comme ça à présent, Joel ne sait s’il doit l’imputer à la vieillesse ou bien à la distraction. Il adressa un sourire aimable à la vendeuse et regarda ce que l’établissement avait à offrir. Depuis combien de temps n’avait-il pas été gourmand ?

    Mademoiselle… Un salut poli, une inclinaison de la tête. Pourtant il était aimable, il l’avait toujours été, mais on pouvait être aimable et étranger à la fois. Je crois qu’un bout de cette tarte aux noix va s’avérer nécessaire pour oublier la pluie, à défaut de l’arrêter.

    Tout aurait put être parfait d’une certaine manière, mais il y avait des iris noires sur la table. Tout aurait put être parfait, tout ne le fut pas. Il songea au cimetière, à la tombe d’Helen qu’il n’était pas allé fleurir aujourd’hui. Il avait voulu cela comme un effort sur lui-même, apprendre à se détacher du lieu, à présent il culpabilisait. Que faisait-il ici, à attendre une part de tarte alors que le souvenir de sa femme se noyait dans l’eau de pluie, sans même une fleur pour se raccrocher à la vie ?
    Il soupira, blessé et agonisant, mais qu’importe ? S’il sortait, s’il partait, il s’écroulerait. Nul mystère là dedans, l’homme avait appris à se connaître dans toutes ses faiblesses et se connaître était aussi se détester.

    Alors il attendit simplement le prix, triturant son alliance dans un geste las, les yeux déjà perdus loin d’ici. Il irait certainement se poser à une table isolée, sortirait un livre de sa sacoche et tâcherait d’oublier, de plus en plus malade à chaque seconde qui passe, malae de vie, malade de mort et sans rien pour le soigner.

    Il est dommageable pour une jeune femme comme vous de travailler dans un lieu capable d’évoquer les fleurs de cimetière. La mort est toujours bien trop proche pour qu’on prenne le temps de la regarder, mais ce ne sont pas mes affaires… Vous devez avoir l’habitude des vieilles personnes dans mon genre : elles parlent trop.

    Sourire d’excuse : lorsque tout est perdu d’espoir et de gaieté, il reste au moins la douceur des étés passés. Il n’y a plus ni feu, ni flamme, il n’y a plus d’étoiles, d’amour ou de secret, il y a juste un homme. Un homme et la mort, quand est-ce donc qu’elle viendra celle là ?

    Vous permettez que je m’asseye ? Merci…

    Une table anonyme, la surface parfaite pour y cacher un peu de sa mélancolie. Il y éposa un livre pris au hasard de sa bibliothèque – un ouvrage assez intéressant quoique profane à propos de neurologie et de neuropsychologie- et par automatisme, le paquet de cigarettes. L’homme s’en rendit cependant compte aussitôt et rangea le paquet dans un soupir. Il se cramerait les poumons une fois dehors, ça irait….




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Vicky Grant
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A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] _
MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMer 11 Jan - 0:07


    En un sens on peut la décrire comme désabusée, lassée aussi. Chez cette fille aux grands yeux clairs la joie est une illusion, un voile déchiré depuis longtemps. Ses sourires trop brefs évoqueraient sans mal à un oeil observateur quelques regrets du temps passé, la déception que l'être humain lui inspire également ; mais les gens regardent sans voir, seulement concernés par leur propre jardin. Elle n'est pas plus douée que d'autres mais elle a apprit à les reconnaître, ces gens portant leur vie comme un poids chaque jour un peu plus lourd et quelques fois il faut seulement quelques mots, quelques paroles sensées pour leur faire oublier au moins le temps d'un thé, ces maux qu'ils trainent.

    Patiente, elle laisse le temps à son client de regarder ses marchandises et bientôt l'écoute attentivement. Pour sûr, la pluie aura usé le moral de bien du monde aujourd'hui. Alors elle passe derrière la vitrine, sort une assiette et une fourchette à gâteau.

    « En effet, elle est bien pesante cette pluie depuis ce matin. »

    Simple constatation. Elle ne déteste pas ce climat, sauf pour le travail parce qu'il n'attire pas de monde et que l'ambiance dans les rues en devient désagréable. Mais le temps d'une balade en campagne là où l'air est frais, une fois bien couverte c'est assez vivifiant. Mais l'heure n'est pas à rêver et le soupir de l'homme face à elle lui fait discrètement lever les yeux. Elle le voit toucher à une alliance que le temps a usé, un geste qu'on a pas sans raison. Vicky connait ça, parce que de la même manière elle laisse un baiser sur la photo d'un père qu'elle n'a plus. Faire son deuil, quelle stupide expression ! On n'accepte pas la mort des proches, on vit seulement avec leur absence pour la seule raison qu'on a pas le choix, jamais la faucheuse ne demande la permission avant de frapper.

    Elle annonce le prix, mais elle ne le fera pas payer avant qu'il ait touché à son assiette ; une question de principes. Ses lèvres s'entrouvrent dans l'idée de lui proposer un thé selon ses gouts mais la voix de l'homme la coupe dans son élan. Elle cligne une fois des yeux, pas choquée, pas gênée non plus et elle répond la seconde suivante, la voix égale.

    « Ce n'est rien voyons. » Et à sa question elle hoche doucement la tête, le laissant s'installer.

    Un homme brisé, ses mots ont tout dit. Non il n'a pas trop parlé, seulement un cri du coeur à la vue de ces fleurs. Un instant elle les regarde, puis bifurque à nouveau vers lui installé seul, trop seul. Vicky connait la solitude, une vieille connaissance. Parfois bien vicieuse, invitante aux sombres idées lorsque, le soir venu on se rend compte comme nos pas seuls résonnent dans la maison vide. Elle ne relèverait pas forcément d'ordinaire, respectant l'intimité d'autrui mais c'est différent ici. Vicky ne peut ignorer ... Pas maintenant alors qu'il a (peut-être malgré lui) fait un pas vers elle avec ce court avis. Elle prend donc l'assiette contenant la part de tarte, allant la déposer délicatement sur la table avec un cendrier de verre si l'envie lui prend de fumer malgré tout … Et elle ne s'éloigne pas.

    « Mon père adorait ces fleurs. » Déclare-t-elle, simplement. « Alors elles m'évoquent beaucoup de choses … ce qu'il était, ce qu'il aimait … puis le vide qu'il a laissé. En elle même la mort est une fatalité, mais c'est autre chose quand elle prend les personnes qui nous sont chères. On en viendrait à la maudire. » Un sourire, rare car sincère. « Pardonnez moi, je vous interrompt sans doute … Mais vous savez ce que c'est, les jeunes de nos jours ... »

    A-t-elle un jour parlé de lui à quelqu'un ? Non, ou du moins pas depuis des années. Quoi de plus légitime cependant ? Elle n'a pas cherché à se justifier, elle n'attend pas plus qu'il réagisse. Quoi qu'il décide elle respectera même son silence s'il ne préfère pas poursuivre. Vicky a seulement répondu, comme s'il lui avait demandé « pourquoi ? » Pourquoi ces fleurs noires, pourquoi cette touche sombre ? Juste ça ...
    Machinalement, elle replace une mèche échappée à sa coiffure et son attention est rapidement attiré par le livre. Elle en distingue mal le titre, seulement un vague « psycho » lui indiquant que ce client bien particulier a semble-t-il des lectures fascinantes. Peut-être un médecin ? Un homme de science ou bien un passionné du genre …

    « Cela semble intéressant, votre livre … les gens ont rarement ce genre de lecture, je les vois plus souvent avec des journaux ou des magazines. Mais je m'égare à nouveau, puis-je vous proposer un thé pour accompagner cette part de tarte ? Quelque chose vous tenterez ? »

    Au fond, elle se surprend la fille si froide d'ordinaire. Parce qu'elle laisse les clients l'approcher d'habitude ; pas assez sociable pour entamer la discussion ; mais pas cette fois. Aujourd'hui elle a poussé le pas, suivit le mouvement comme sur un coup de tête, sans rien espérer de particulier. Cette esquisse de conversation pourrait bien s'arrêter là, ou continuer jusqu'à un véritable échange … advienne que pourra comme dit le proverbe.


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Joel Belsph
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Joel Belsph

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A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] _
MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMer 11 Jan - 1:26

    Alors c’était ainsi, encore et toujours la même histoire ? Celle d’enfants sans pères, perdus dans leurs corps d’adultes, perdus dans leurs vies sans modèle ? Il considéra silencieusement Vicky, cherchant à deviner le fantôme d’une fillette à travers ces yeux au-delà de la moindre chose.
    Cette jeune femme connaissait la mort et le deuil, il ne savait quelles pouvaient réellement être ses souffrances, ses émotions, mais la beauté morbide des fleurs lui parut comme une injustice encore plus grande. Il est normal que les vieilles personnes, du moins celles ayant dépassé la moitié de leur vie, souffrent. Mais les jeunes ? Non, un bébé, un enfant, un jeune homme, une jeune femme, ça n’avait pas le droit de souffrir, ça n’avait pas le droit de mourir. Où aurait été la logique du monde sinon, hein ?
    Malheureusement, les choses ne se passent jamais comme elles le devraient….
    Joel Belsph alluma sa cigarette, conscient de la réalité qu’offrait le salon de thé et de cette présence humaine si proche et si loin. Il y avait quelque chose de fragile chez cette jeune fille dont il ne connaissait pas le nom, mais qui pourtant partageait avec lui la douleur de la mort. Quelle avait été sa vie, son enfance, son père ? Avec un effort il aurait put le deviner, mais le parfum des iris lui rappelait qu’elle n’avait été qu’une fillette il n’y a pas si longtemps encore. Il n’avait plus la force de détruire l’humanité par la science, ces jeux étaient désormais devenus trops durs pour lui. Il les laissait à Mycroft, à Sherlock car de combats, il n’en avait plus.

    Prendrez-vous un thé avec moi ? Vous avez peu de clients, venez donc vous asseoir

    Parce qu’il avait été professeur, Joel ne doutait pas – à tord ou à raison- que Vicky lui obéirait. Si la conscience aigue de passer pou un vieu pervers pouvait le traverser, il s’en contrebalançait royalement. L’homme savait ce qu’il était tout comme ce qu’il n’était pas. Il aimait sa solitude mais il aimait parler aussi, voilà tout…

    Vicky avait évoqué un père décédé. Une triste histoire sûrement –mais laquelle ne l’était pas ?-. Il ne lui présenta pas de condoléances, ni d’excuses, en ayant lui-même trop entendu entre le dédain, la pitié et l’hypocrisie.

    Ah, mon livre… un moyen comme un autre de ne penser à rien. Je ne sais même pas si je retiendrais quelque chose de cette lecture. Dans le fond, remplacez le nom d’une maladie neurologique par Kate Middleton, le cerveau par le prince William, et ce n’est même pas la peine de changer vos phrases, vous avez l’équivalent d’un magazine people.

    La fumée de sa cigarette montait au plafond en longs volutes incolores. Joel crut revoir soudain Helen sur le canapé du salon, un coussin contre elle et les lumières de la télévision sur le visage, à regarder un film d’Humphrey Bogart. Elle les avait tellement adoré… Il lui vint alors à l’esprit que la petite en face de lui avait tout à fait le physique de la cliente femme fatale pour jouer dedans.
    Il regarda les fleurs, réminiscence d’un père disparu, réminiscence de la mort elle-même également, et il regarda le chien.
    Quel sorte d’endroit était-ce, ici ? Le violon pouvait toujours se faire entendre tout autour d’eux. Il y avait cette femme, cette fille, dans ce salon, elle arrangeait des bouquets aussi tristes qu’une dizaine de cimetières, pour rendre l’endroit accueillant dans son esprit à elle. Il y avait le souvenir d’une figure paternelle, un deuil incomplet –quel deuil le serait jamais vraiment, complet ?- et un chien en témoin attentif de tout ce qu’il se passait. Un chien gardien de l’enfer, du monde des morts ? La mythologie n’avait plus sa place dans le monde réel depuis bien longtemps,
    Joel s’imagina soudain être entré dans un temple plutonnien underground, à la gloire des décédés. Seulement les fantômes ne sont rien d’autre que les imaginations de l’esprit, la mort une chose concrète et la souffrance, un mal nécessaire. Du moins, pour ceux n’ayant jamais eu à y goûter….

    Vous n’avez pas terminé de grandir, mademoiselle, n’est-ce pas ? Vous savez que vous avez encore besoin de votre père auprès de vous, alors vous faites comme vous le pouvez. C’est dur de grandir mais vous verrez, vous y arriverez….

    De quoi se mêlait-il, ce vieux fou sans rêves ni boîte à merveilles ? Mais ses mots n’étaient pas faits pour juger, il était témoin et non juge, une chose qui ne changerait jamais.

    La mort est le meurtrier insaisissable par excellence et également, la seule maladie que nous n’arrêteront jamais.

    Et il y a tant de vie en ses veines, pour cet instant précis. Parce qu’il est encore là, sur cette foutue terre malgré les nuits trop noires et la tristesse qu’il ne dépasse jamais. Il est toujours là, avec enfermé dans un tiroir de son bureau, le seul fermé à clé –mais qui donc viendrait fouiller- les dix façons les plus simples de se tuer.
    Il est toujours là, à respirer à s’en déchirer le cœur, oui il est toujours là….

    L’homme écrasa sa cigarette, sentant en ses veines un goudron tout aussi poisseux qu’il devait y avoir en ses poumons. Il se leva, automate désillusionné, et avança jusqu’aux vases. Les fleurs, les fleurs du bouquet d’Helen au jour de leur mariage, celles qu’il n’avait pas eut le droit de lui apporter à l’hôpital, celles qu’ils choisissaient chaque jour avec soins pour les déposer au cimetière. Celles qu’il n’avait pas amenées aujourd’hui….

    Il avait ds doigts de scientifique, le professeur. De ceux que l’on croyait incapable de poésie ou de création, et pourtant ces mêmes doigts avaient saisi une fleur avec toute la délicatesse du désespoir. Chacun de ses gestes était égale à la danse d’un vieux cheval avant qu’on ne l’abatte…

    Quelle triste ironie de voir que l’iris est sensé être un symbole de bonne nouvelle et de paix. La paix, elle ne vous l’apporte pas, il n’y a que le souvenir…. Essayez-vous de rendre cet endroit hanté, mademoiselle ? Car il y a bien assez d’un fantôme dans votre esprit pour en rajouter un en ce lieu.


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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMer 11 Jan - 3:46

    Une histoire trop semblable à d'autres, trop distincte pourtant. Des enfants aux repères brisés, livrés à eux même sur un sentier sans panneaux. En cela elle n'est pas différente mais ce père-là, elle fut la seule à le regretter, seule à poser la main sur le marbre de sa tombe qu'il ne voulait pas fleurie. « Si tu achètes des fleurs, garde les donc » avait-il dit sur son lit de mort. Elle a souffert de son absence bien plus que des regards, des mots et à la douleur fit place l'amertume de ces jours où ne subsiste ni complice ni ami. Parce qu'il était tout ça à la fois. Alors elle lui dit encore bonne nuit, pose une question à ce portrait qui ne répondra jamais lorsque vient le temps d'une lassitude trop accablante … Puis elle relève la tête, repart affronter la vie parce que sa seule faiblesse a finit par devenir une force.

    L'homme lui propose de s'asseoir à sa table ; c'est assez imprévu, mais il n'y a qu'eux, et elle n'oserait refuser une invitation si polie.

    « Avec plaisir, le temps de servir deux tasses. »

    Pas d'empressement dans ses gestes, tout deux ne sont pas à une minute prés et la voici de retour au bout de quelques minutes avec deux tasses déposées sans bruit. Elle s'installe, croise ses longues jambes sous la table et pose une fois encore les yeux sur le fameux livre. Attentive, Vicky porte la tasse à ses lèvres et ne réprime pas un rictus devant la comparaison de son interlocuteur concernant l'ouvrage.

    « J'imagine qu'il y a un peu de ça oui. Mais on retient toujours quelque chose d'une lecture quand bien même on en a pas réellement conscience. Cela dit, si on présentait la lecture sous cette forme peut-être que les enfants liraient d'avantage. »

    Un avis personnel, il est vrai que les jeunes lisent de moins en moins et leur vocabulaire en souffre. Combien de fois aura-t-elle retenu un grincement de dents en écoutant d'une oreille distraite ces ados préférant sécher les cours, bavant un langage trop peu recherché. Pas qu'elle soit vieux jeu mais tout de même …
    Sans insistance, elle observe le client venu briser cette silencieuse journée. Elle le devine seul dans son quotidien, ayant certainement perdu goût à la vie sans cette personne dont le souvenir orne toujours son doigt. Ses yeux sont plus tristes qu'elle le pensait, ils ont cet air éteint … Et lui, de quoi se rappelle-t-il quand il songe à avant ? À un sourire ? Un regard, une voix, des gestes sinon ? La jeune femme ne demandera pas, elle écoutera s'il se livre mais pas plus.

    De nouveau sa voix, il parle comme parlerait une conscience, un chuchotement à l'oreille qui dit « va de l'avant tu peux le faire ». Il n'est pas juge, pas conseiller ; seulement un homme capable de voir. Et les yeux lagon le fixe sans ciller ; elle a l'impression d'entendre ça pour la première fois. Non ; c'est un fait, une réalité. On la croyait assez forte pour tout assumer mais ils ne savaient rien ces imbéciles juste bons à critiquer. Elle n'attendait pas qu'on lui tende la main, mais qu'on la pousse dans le dos … Comme son père l'aurait fait, comme lui tente de le faire à cette table du salon de thé.
    La mort seule commet le crime parfait ; Vicky ne dira pas le contraire … Qu'on s'en sorte ou pas, voilà bien un fait qui n'incombe qu'à cette criminelle de trop haute envergure. Elle acquiesce, aussi impassible dans son allure qu'elle est en réalité touchée par le discours.

    « On dira, que je suis une jeune adulte. Je ne prétends pas tout savoir et puis au fond, on passe notre vie à apprendre et à grandir. » Gracieusement, elle pose le menton sur le dos de sa main et poursuit. « On dit souvent que les cimetières sont pleins de gens indispensables … vraiment ironique. »

    Elles sont rarissimes les occasions d'évoquer de tels sujets. Vicky n'écoute que plus encore les conseils de l'homme dont la cigarette est désormais achevée. Lorsqu'il se lève, elle pivote sur sa chaise et pose le coude sur le dossier sans le quitter des yeux. Elles l'intriguent ces fleurs sombres décidément ; et quand il en saisit une elle le rejoint. Oh non cela ne la dérange pas, elle tente de comprendre, de reconstituer le puzzle dans ces gestes aussi habiles qu'emplis de désillusion. Et le sourire qui bientôt orne les lèvres écarlates de cette fille a quelque chose de mystérieux. Parce qu'elle n'a pas tout dit un peu plus tôt, mais qu'elle se livre sans mal ni honte à ce personnage qui veut bien l'entendre. À son tour elle tire une tige, la tourne entre ses doigts ...

    « On les appelle aussi Ghost Train ; vu ainsi elles semblent bien lugubres je vous l'accorde. Mais voyez vous, s'il existe un fantôme ici … c'est sûrement moi. » Elle lui accorde un regard, son sourire est encore là. « Je ne mentirai pas, c'est en souvenir que je pose ces iris, celles qu'il adorait voir dans notre jardin mais je suis certainement le vestige le plus évident qu'il a laissé de lui. Je lui ressemble trop à ce qu'on dit … »

    Un léger haussement d'épaules, elle replace la fleur dans le bouquet et laisse échapper un fin soupir.

    « Puis au fond, qu'importe la couleur. L'iris reste messager ; je les ai mises ici ce matin … et nous voici ensemble à converser sur ces choses que les gens taisent d'ordinaire. Vu sous cet angle, on peut bien imaginer qu'elles n'ont de négatif qu'une simple apparence. »

    Un instant elle se tait, médite sur cette rencontre en somme pas si fortuite. La pluie qui s'acharne et qui le pousse ici, lui dont l'âme est aussi lassée que la sienne, ces fleurs justement là … Pas de hasard ; de la fatalité. Peut-être est-il temps de se présenter ...

    « Vicky Grant … » Annonce-t-elle. « Puis-je connaître votre nom ? »


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Joel Belsph
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMer 11 Jan - 12:08

    La jeune femme lui révéla son nom sans honte ni pudeur. Joel resta immobile, les yeux fixés sur le jeune visage, conscient du poids de chaque mot. Parce qu’elle avait dit son nom et que celui-ci, comme beaucoup d’autres, était plein d’histoire.
    Il se souvint des articles de journaux découpés dans le journal du matin, dès fois que cela puisse intéresser Sherlock, de tous les remous provoqués par l’affaire, des faits, des accusations, e la condamnation…
    Et puis il se souvint avoir lu quelque part, il ne savait les où, la mort du médecin meurtrier.

    Le cancer, une chose vraiment détestable miss Grant. Joel Belsph….

    Son nom à lui ne voulait pas dire grand-chose, peut être le souvenir d’une odeur de craie, de cris d’élèves, d’encre et de cahier, mais cela était bien tout.
    Il ne voulait pas hausser le temps, il ne voulait pas hausser la garde. Il savait l’histoire du père de Vicky, du moins les grandes lignes, mais il n’en parla pas. Le passé ne peut être refait, les générations futures n’ont pas à porter le poids de celles passées.
    Joel repensa aux photos de mauvaises qualités dans les journaux, avec ce simple souvenir il ne pouvait voir si Vicky ressemblait vraiment à son père comme elle le disait. Bah, pas d’importance, nous ressemblons aux modèles que nous voulons….

    Toujours avec cette même douleur sourde d’homme sans cœur, il reposa finalement la fleur dans le vase. Et peut-être que son esprit fatigué n’avait plus envie de lutter, car par ce simple geste il imaginait fleurir la tombe d’Helen. Son esprit s’en contenta et s’en apaisa, au fond il ne savait même pas si elle avait apprécié toutes les fleurs depuis ces années. Qu’est-ce que ça aime, un mort hein ? Qu’y avait-il encore sous la dalle de marbre froide du cimetière, en dehors d’un nom gravé, d’une photo et de dates ?

    A quoi pensait-elle, Vicky, du fond de son deuil ? On lui avait enlevé son père, on le lui avait déshumanisé, lui avait-on seulement donné le droit de pleurer ? Il repensa à toutes les larmes qu’il aurait, lui, aimé verser, mais le monde n’est plus un poème depuis bien trop longtemps. Les chagrins doivent être cachés, il faut apprendre à survivre avec une pierre dans la poitrine, voilà tout.

    Quelles avaient été ses larmes, quels avaient été ses jours de colères, ses requiems pour un parent défunt, parti avant même de mourir ? Non, cela ne le regardait pas. Il avait bien assez de ses propres douleurs, pas vrai ? Et la mort était là, tout autour d’eux, sans que jamais rien ne la retienne. Il en avait toujours été ainsi….

    Un sourire absent pour éclairer des yeux vieux, si vieux, voilà ce que lui était depuis trop de temps. Un homme étranger à tout, incapable de reprendre pieds dans sa propre vie. Qu’importe, il s’en contentait, cela était sa peine et sa douleur, il ne demandait pas aux autres de la partager. Joel Belsph avait été un homme heureux : il avait aimé et avait été aimé, si l’histoire ne s’était pas arrêté de façon si abrupte, alors il se serait considéré comme un roi.
    Roi, peut-être l’était-il, mais de larmes, d’épines et d’os. Roi des cons aussi, parce qu’il n’était qu’un être humain….

    A vous et vous seule de décider si vous lui ressemblez trop ou pas

    Il ne croyait pas en la fatalité, aux fautes des parents coulant dans les veines des enfants. A chacun de faire son propre choix, pas vrai ? Que chacun choisisse sa route de douleur, après tout il y en a tant à emprunter…

    L’homme retourna à la table, retourna au thé. A l’évangile des apparences ne restaient plus que la longueur des jours et la lenteur des nuits…
    Il repensa à certains après midis tranquilles, aux cheveux détachés d’Helen, ces cheveux qui se détachèrent d’elle au fur et à mesure de la maladie. Ce n’est pas grave, Nefertiti, ce n’est pas grave, ils repousseront… Et déjà cette impression de mentir alors qu’il lui répétait cette phrase en boucle, la berçant comme on le ferait d’un enfant.

    Qu’est-ce qui n’était pas grave dans la vie, hein ? Le thé avait un goût amer, celui des souvenirs qu’on boit jusqu’à la lie. Parce que toujours la même rengaine : sa femme n’était pas là.

    Vous êtes trop jeune pour que l’on vous laisse être un fantôme, miss… Et trop aimable aussi peut-être ?

    Qu’est-ce qu’il faisait, hein ? Abruti par sa propre tristesse il tâchait de l’oublier en adressant des mots gentils à d’autres. En oubliant sa peine, il s’oubliait lui-même et cela durait depuis tant d’années, ce jeu étrange entre amnésie et souvenir qui interdisait toute paix. Hypocrite, sale hypocrite…

    Il voulait Helen , il la voulait pour sortir de ce cauchemar, de cette monotonie sans sens. Ca ne pouvait être réel, tout ça pas vrai ? Bien sûr que ça l’était, que ça le serait toujours. Il voulait Helen et ne l’aurait plus jamais.

    Elle lui manquait.

    Alors Joel se força à sourire, car cela était une habitude, et abandonna le combat. La tristesse resterait aujourd’hui encore, il la garderait là tout contre lui, dans ses yeux et dans sa chair, il la porterait comme une couronne d’épine invisible et suivrait son chemin dans le monde détestable pour quelques heures encore.






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Vicky Grant
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyMer 11 Jan - 15:10

    Joel Belsph … Le nom sonne à ses oreilles comme n'étant pas inconnu, étrange. Mais les gens discutent beaucoup ici, quant à Vicky elle écoute toujours de loin. Peut-être que certains clients avaient parlé de lui ? Quoi qu'il en soit, la surprise de la jeune femme est réelle et elle ne trouve rien à dire, se contentant d'un bref sourire. On se souvient peu de l'homme mort trop vite, rongé jusqu'aux os par la maladie, on ne retient que le médecin tueur. Sa mère lui avait conseillé de changer de nom, de prendre le sien mais pourquoi au fond ? Fuir ? Vicky ne fuyait jamais, pas son genre et aujourd'hui elle continuait à avancer sans rien renier.

    Au fond ils ont en commun la douleur d'une perte. Avec ces disparus, un bout de leur coeur a cessé d'exister et la vie est devenue terne. Dans ses heures solitaires lui parle-il aussi ? À voix haute, n'attendant pas de réponse mais imaginant comme sa voix lui était douce avant ? Peut-être regarde-t-il un film, souriant pour deux mais demeurant seul …
    Automate, Vicky rejoint la table lorsqu'il le fait, reprenant en main la tasse où le thé refroidit. Il a les yeux vagues, entre la mémoire et la réalité. Revoyant ces vieilles scènes de l'existence comme on regarde un album jaunit par le temps, où les mouvements scellés dans le papier ont pourtant l'air de s'animer sous les yeux. Mais l'évidence est là ; les bons moments ne sont plus et le vide demeure toujours un peu plus lourd.

    Trop jeune et il lui arrive de se sentir usée, l'envie coupée nette comme une bougie qu'on aurait soufflé trop tôt. Vicky ne fait pas de plan, elle vit un jour à la fois et prend ce qu'il y a à prendre. Savourant les éphémères instants de surprise qu'on peut lui apporter ; telle cette rencontre imprévue devenue finalement pleine de signification. Aimable a-t-il dit ; elle se sent d'avantage polie.

    « Disons que j'ai à coeur de respecter les gens. » Elle sourit à demi, repose sa tasse vide. « Et en réalité, je ne me sens pas très jeune … »

    Plus elle le regarde et plus elle sent la douleur qu'il entraine avec lui. Ses yeux fatigués, sa bouche qu'il force à sourire, son corps qu'il bouge sans envie. Il ne devait même pas avoir envie de sortir, la jeune femme en mettrait une main au feu. Oui elle est parfois triste, bien sûr il lui manque mais jamais à un tel point. Joel lui évoque ces personnages de romans mort de chagrin et d'amour, ces hommes errant le long des rues sans prêter attention à rien. Depuis combien de temps se souvient-il, depuis combien de temps le désespoir a-t-il fait son nid dans sa tête et sa poitrine ? Elle ne saurait même pas le dire. « Elle doit tellement vous manquer ... » Elle songe sans oser le dire, ne souhaitant pas remuer le couteau dans la plaie. Ces blessures là, elles ne guérissent jamais.

    Si elle était sensible, ses yeux se serraient certainement emplis d'eau, son coeur se serait fait compatissant mais Vicky n'a plus de larmes à verser, elle n'a qu'une présence, un regard ou un mot à laisser. Piètre réconfort elle en a conscience ; elle ne sauvera personne. Fatalement, elle a finie par se faire complice de destruction … Et l'homme n'aimerait pas la face cachée de cette femme ; cette vendeuse de mort en bouteille. On la traiterait comme son père, on dirait qu'elle marche dans ses pas mais c'est tellement différent. Une passion d'abord innocente, un passe temps devenu un commerce mais son gain n'est fait que de billets. Pas de plaisir, pas de gloire … elle se satisfait seulement d'un rôle. Celui d'une ombre, loin derrière …

    Au dehors le temps s'éclaircit enfin et la pluie a cessé. Partira-t-il bientôt ? A n'en pas douter sauf s'il lui accorde encore un peu de temps. Reviendra-t-il ? Vicky n'en sait rien, car il lui évoque un bateau ancien malmené par les flots, poussé par les caprices du vent et ayant amarré chez elle sans trop y penser.

    « La prochaine fois … les iris seront bleus ... »

    Une phrase sortie sans préméditation. Elle ne sait pas pourquoi elle le dit, pourquoi elle songe à enfreindre un rituel entretenu depuis des années. L'a-t-il tant touché cet homme dont elle a partagé un moment de vie ? Vicky mentirait trop en niant l'évidence. Alors elle lui sourit, sans prétention d'avoir trompé son ennui ou allégé son fardeau. Cette peine, ils n'auront de cesse de la tirer, de la garder ancrée comme on garde une cicatrice. L'être humain est ainsi fait, même les plus durs connaissent l'amertume.

    Dans quelques jours, lorsqu'elle prendra la route et foulera les allées du cimetière où il repose, Vicky lui racontera à voix basse le personnage de Joel, elle lui répétera chaque mot, lui avouera comme il l'a écouté sans jamais juger dans le salon et pour la première fois elle osera poser les iris noirs sur le marbre. Elle lui ressemblera toujours, ils avaient tant en commun … ces fleurs pour commencer. Elles resteront un lien, seulement un peu différent. Les iris au cimetière, et leur nom sur l'enseigne ...
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyJeu 12 Jan - 18:37

Les yeux de Vicky étaient intelligents et sans âge, Joel pensa soudain qu’il aurait apprécié l’avoir comme élève. Elle semblait posséder ce calme des personnes tristes et sincères, malgré les nombreux sourires dont elle se drapait pourtant. A sa manière, elle connaissait la brûlure du deuil et de l’absence. Si la perte était différente, la blessure était là : trop réelle, trop profonde…
Il resta silencieux un instant, se contentant de boire le thé et d’écouter. Autour d’eux, les horloges étaient comme arrêtées, car qui parle de la mort n’a même plus assez de temps pour disparaître. Instant sans poésie, instant sans autre saveur que l’amertume d’un thé, il y eut soudain la promesse d’iris bleus. L’homme releva la tête, triste malgré tout. Il se força à sourire, conscient de ce qu’il était : un voyageur sans but ni repos. Peut-être ne reviendrait-il jamais ici, car le siège en face de lui serait toujours vide de l’ombre d’Helen, peut être se montrerait-il faible et désabusé en préférant la compagnie des bars et de l’alcool.
Parler à cette fille le blessait, il avait changé et n’était plus le même homme depuis bien longtemps. Avant, il s’était cru géant capable de porter toutes les tristesses pour aider les gens à avancer, mais avant c’était avant. A présent il n’était plus rien qu’un vieil homme fatigué sans rien pour le consoler…
Il savait toujours comment écouter, il essayait parfois de le consoler, mais il y avait alors cette chose en lui, cette boule noire si proche de la folie, pour le happer soudain et lui faire oublier tout jusqu’à lui-même. Que pouvait-il face à la jeunesse lorsque lui était tellement vieux ?
Qui donc aidait-il, en restant comme cela en vie ? Oui il se posait ces questions, oui il se sentait parfois au bord du gouffre et oui, il savait que rien ne le retenait.

A sa mélancolie, il ne pouvait trouver de remèdes. « si tu peu aimer sans être fou d’amour, alors tu seras un homme mon fils ! », Joel n’avait jamais été un homme.
Le bruit de la pluie se calmait peu à peu avec la douceur d’un cœur qui s’arrête, alors il fit l’effort de sourire un peu mieux.

Bleu… oui c’est une bonne couleur, même le ciel peut encore l’être parfois, regardez…

Il tendit la main vers la vitrine, montrant le rayon de soleil au travers et les nuages qui peu à peu disparaissaient. La pluie avait toujours eu un goût d’amour perdu, à présent il allait disparaître pour simplement prendre celui du présent.

Il n’était pas poète, ne le serait jamais et ne savait comment coucher en testament cette perte que lui causait Helen. La sauvagerie ne peut être apprivoisé par n’importe qui, même lorsqu’il ne s’agit que de sentiments. Il secoua légèrement la tête, perdu dans ses pensées, et revint finalement à la réalité.

Puisse-t-il le rester pour plus e deux minutes, toute cette pluie pèse au cœur. Quoique… au fon elle donne une bonne excuse pour être triste : le temps. Des excuses, toujours des excuses, de nos jours il faut en trouver pour tout et n’importe quoi sans se préoccuper d’être sincère.

Un soupir, lui aussi se sentait bien plus vieux qu’il ne l’était. D’une certaine façon, cela avait toujours été le cas. Et comment expliquer les gestes d’Helen alors pour simplement lui prendre la main, lui dire que tout va bien ? Parce que même un homme comme Joel Belsph manquait de confiance en soi, il portait depuis l’enfance ses propres cicatrices qu’il n’avait jamais pris le temps de recoudre, trop occupé à jouer les médecins pour les autres.

De temps en temps, lors de ses longues insomnies le soir, il regardait le plafond et se demandait juste : ai-je vraiment raté ma vie ? La réponse lui paraissait alors claire : oui.

A cela, il n’y avait pas de remèdes…

Spoiler:

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Vicky Grant
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyJeu 12 Jan - 23:14

    Spoiler:

    Peut-être que non ; peut-être ne reviendra-t-il jamais ici. Il semble sans attache, il n'en veut plus. De façon bien imagée il lui fait penser à un ronin, ces samouraïs sans maitre, vagabondant de ci de là porteurs d'une image de gloire ternie. Le ciel redevient bleu au dessus de leur tête mais dans les yeux de Joel il n'est que gris, une nuance infinie où ne brille plus ni le soleil ni la lune. Le personnage n'a pas besoin d'excuses pour être triste ; il l'est désormais par définition. Ses soupirs fendent l'âme ; c'est tellement dommage.

    Des choses on en désire tous, les gens sont capricieux par nature mais Joel ne souhaite qu'une présence qu'on ne lui rendra pas. Elle comprend ça ... Vicky se souvient, chose qu'elle ne dira jamais, comme elle a maudit le ciel d'avoir arraché à son existence le seul ami, le seul confident qu'elle ait jamais eut. Elle s'entend encore hurler, cracher sur le monde et toutes ses divinités. Pour rien, n'allégeant pas son chagrin car à sa colère ne répondait qu'un éternel silence. A ce jour elle a changé et songe à tout cela sans fureur, fataliste, trop pour son âge. Mais on dira qu'elle a le temps devant elle, qu'elle peut encore combler cette absence, trouver un ou une alliée … Mais lui, peut-il seulement imaginer se relever alors qu'en disparaissant, elle a emporté leur monde au sein d'un froid cercueil ? Non ; bien sûr …

    La jeune femme lui demanderait bien de parler d'elle, de lui décrire la personne ayant seule, suffit à détruire la flamme en lui. Mais non. Chez certain parler aide, exorcise la douleur … ce ne serait pas le cas chez lui. Alors elle croise les mains sur la table, clos ses paupières le temps d'un soupir. Elle ne réchauffera rien, elle n'a pas ce pouvoir ; elle moins que les autres d'ailleurs. En définitive elle n'est que la froide empoisonneuse, le terrible serpent rampant sous le feuillage … elle n'a rien d'avenant, pas de douceur à apporter et pourtant une fois de plus, elle lui parle ...

    « Je sais qu'on ne guérit pas quand la mort a frappé. » Elle marque une pause, sort son paquet de cigarettes de la poche de son tablier. « et je n'ai pas la prétention d'apaiser la douleur ou de remplacer qui que ce soit cependant ... »

    Elle tire sur sa cigarette, lentement, sans nervosité ni humeur. Égale, c'est ainsi chaque jour et depuis des années. Certains la trouvent inerte, ils ne sont pas loin de la vérité. Malgré tout Vicky reste humaine ; pas pierre ni machine et comme tout à chacun il lui arrive de ressentir, d'avoir un déclic et cette fois c'est Joel qui en est la cause.

    « Je veux que vous sachiez qu'au cas où le vent vous pousse à nouveau dans ce commerce je serai ravie de m'asseoir à votre table et de partager un thé en votre compagnie. »

    De Vicky on tire plus vite du respect que de la sympathie. Et elle le respecte vraiment ce marcheur solitaire. Pour d'évidentes raisons et pour d'autres plus personnelles ; l'une d'entre elle étant que si elle n'était rien de plus qu'un instrument, il en aurait fait vibre la corde sensible. Lui a vu, il a écouté, compris sans jamais poser sur elle un quelconque regard de reproche. Joel n'a jugé si son passé ni son présent mais s'est fait de bons conseils à la manière d'un professeur impliqué, dévoué à la cause d'autrui. Et s'il n'a plus le coeur à cet ouvrage désormais il a sans doute bien trop de gentillesse pour oublier de porter secours.

    Elle aurait aimé le connaître à l'époque en tant que tel, pouvoir frapper à la porte de son bureau, se poser devant lui seulement pour parler … des allusions, des futilités mais aussi des choses plus sérieuses. Quand l'école était devenue un décor de train fantôme, un lieu où subir insultes et violences Vicky aurait souhaité non pas une infirmière pour désinfecter ses plaies, mais juste un sourire, une voix pour lui dire « tout va bien, demain est un autre jour et demain, après demain aussi, tu en sortiras grandie ... ». Et alors peut-être aurait-elle fait de brillantes études, ne se pressant pas de fuir les lieux à peine sa majorité acquise.
    La jeune femme soupire, un pauvre sourire à la bouche, entre présent et songe, les yeux absorbés par le bleu renaissant du ciel.

    « A une époque si j'avais connu quelqu'un comme vous je n'aurai pas abandonné certaines choses. J'aurai siégé plus longtemps sur les bancs de l'école au lieu de courir le monde sans même savoir ce que je cherchais. »

    Un silence, court et elle cligne des paupières. Depuis quand est-elle devenue « bavarde » ? Depuis quand fait-elle un si grand pas vers quelqu'un ? Elle en est pratiquement décontenancée. « Ma pauvre fille » songe-t-elle. « Passe au décaféiné ... ». Laisser entendre ça ; ce n'est pas utile. Ce n'est qu'un détail sans importance ; elle le croit en tout cas.

    « Oubliez ces derniers mots, mon éloquence du jour me surprend moi même. » Elle lui offre un regard en guise d'excuse. « Ce doit être un effet secondaire de la pluie … heureusement la voilà passée. »

    La pluie ; possible. Ou bien tout autre chose …
    L'aveu d'un fait, d'un temps où elle même avait erré sans but précis ; ne poursuivant que le fantôme d'une présence perdue. Mais en définitive si elle se pose la question : « que cherches-tu maintenant ? » la réponse n'a pas changé … aujourd'hui encore, elle ne le sait pas vraiment.

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Joel Belsph
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyLun 16 Jan - 9:49

    Il le voyait très bien ce fantôme de fillette, errant dans les couloirs d’une école anonyme avec un visage sans doute aussi gris que les murs. A cet âge il faut le cœur à rire et non à pleurer, c’est ce que voudrait la vie vous savez ?
    Que ce serait-il passé si cette gamine avait franchi la porte de son bureau, peut être sans lui parler, juste en le regardant, hein ? Il l’observa allumer une cigarette avec ses gestes de femme désabusée, et pourtant elle était jeune, Vicky, cela se voyait encore. Joel soupira, fatigué de tout ceci, des hommes, de la mort et de l’humanité. Alors il avança le bras et se saisit de la main de la jeune fille, la serrant avec toute sa sympathie.

    Si j’avais été votre professeur, je n’aurai eu pour vous que les mêmes mots qu’aujourd’hui. Il y aura un jour où le monde ne vous apparaîtra plus derrière des larmes et où l’amour ne sera pas cette chose endeuillée qui vous déchire le cœur. Vous êtes jeune, une vie vous attend, il y aura encore tant de chose pour venir vous détruire, laissez leur le temps d’arriver et profitez de la vie.

    Il lui sourit alors de son vieux sourire fatigué, lui qui n’était plus professeur et n’avait jamais vraiment été père. Le ciel bleu, si loi et si proche, et l’amertume du sel que l’on porte en soi pour chaque blessure qui nous traverse, il n’y avait plus que ça désormais. Et malgré tout, nous n’étions pas tout seul là dedans, jamais…

    Garde ton cœur, tu perds tes yeux, garde tes yeux et tu perds ton cœur. Il avait lu cette phrase un jour, il ne savait plus trop où et voilà qu’à présent elle lui revenait en tête : pourquoi ? Parce que son cerveau était vieux et fatigué, parce qu’il lui semblait ne plus avoir ni yeux, ni cœur, et parce qu’il se fichait bien de tout cela. Q’est-ce que cela lui apporterait de revenir ici ? Si cette jeune fille pouvait être sauvée, cela n’était plus son cas à lui. Il avait joué le jeu de la vie et perdue sa reine sur l’échiquier. Plus aucun espoir de la retrouver.

    Pensivement, l’homme s’alluma une nouvelle cigarette. Le fantôme d’Helen accepta de reculer jusqu’à un recoin sombre de on esprit, là où elle pouvait se faire deviner ans être vue. Certains jours, il se sentait comme ces amants maudits dans la Comédie de Dante, ceux condamnés à se sentir sans jamais se voir ou se toucher. Tel était son fardeau depuis qu’un cercueil avait été mis en terre sans pitié ni émotion, car les sentiments ne sont pas pour les morts, mais pour les vivants.

    Sachez jeune fille qu’il vaut mieux chercher ses propres rêves que de suivre lâchement ceux des autres. Et tant pis si parfois ces rêves sont cauchemars ou bien qu’on ne les voie pas tout simplement. N’ayez pas honte de ce que vous avez fait de votre vie, vous n’avez rien raté.

    Courir, courir sans s’arrêter, ans se retourner, avait-il seulement déjà fait cela ? Il avait courut à deux, oui, avec une main –toujours la même- sur son épaule, mais après ? La vie possède des milliers de chemins, il n’avait pas choisit le plus courageux et peut être qu’à présent la vie lui en faisait payer le prix ?

    Regarder quelque chose, n’importe quoi plutôt que ses souffrances… Alors ses yeux se posèrent sur le chien silencieux un peu plus loin. Depuis quelques temps il songeait à prendre un animal pour se distraire de sa solitude, et si cela arrivait vraiment, hein ?

    Le printemps s’en va, l’hiver est parti et c’est toujours le cœur qui en paye le prix. Il avait une sonate de Brahms pour violoncelle, dans la tête. Celle qu’avait toujours écouté Helen lorsqu’elle ne se sentait pas bien, c’était également la musique jouée lors de son enterrement.

    Il secoua la tête, assez de souvenir, assez de tristesse. Assez de tout, pas vrai ? On pouvait choisir de pleurer jusqu’à sombrer, faire ça chaque soir au coucher pour espérer dormir du sommeil des damnés, et chaque matin depuis le lever, mais ceci n’était pas une solution. De toute manière, qui avait le droit de pleurer, hein ?

    Personne ne sait jamais ce qu’il recherche, sinon comment aurions nous une chance de le trouver ? Soyez moins dure envers vous-même, miss

    La cigarette le calmait, comme toujours. Un jour, peut-être e chopperait-il une saloperie avec tout ce tabac, mais il ne voyait pas la peine de s’en soucier. Pas pour le moment… Il avait dans le cœur, l’apaisement d’un ciel lourd de pluie mais et alors ? Oui peut-être qu’il reviendrait, il commençait à avoir de la sympathie pour cette jeune fille… Ou peut-être qu’il se ferait simplement la promesse de revenir sans plus jamais passer la porte du salon de thé ? C’est comme tout, ça n’a pas la moindre importance. Pas la moindre….
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyJeu 19 Jan - 1:36

    Lui prendre la main, l'étreindre ainsi ; elle n'aurait laissé faire personne. Vicky n'est pas une grande tactile, elle n'attend pas qu'on la cajole mais ces doigts entourant les siens sont tellement sincères, tellement forts dans leur message qu'elle ne refuse pas. Attendait-elle une telle attention ? Difficile à dire ; on ne lit pas vraiment en cette fille. Vicky est comme la neige, froide, une présence avalant tout autour. D'elle ne résulte qu'un sentiment de vide, de silence. On l'évite ; on ne cherche pas à balayer le manteau blanc … Lui l'a fait pourtant ; alors peut-être qu'au fond, elle n'est pas aussi détraquée que certains osent le croire.

    La vie n'aura de cesse de lui ajouter des poids supplémentaires à porter il a raison en cela et il serait peut-être temps de songer à « vivre » mais ça, c'est plus simple à dire qu'à faire … Elle acquiesce d'un mouvement de tête, résolue à méditer sur le sujet parce que vu sous un certain angle il est vrai que se lever chaque matin sans ressentir la moindre envie est bien triste. Mais l'envie ne se force pas ; on la trouve seulement … Joel la trouvait dans cette âme désormais perdue ; Vicky a cherché sans trouver. Non elle n'a pas la sensation d'avoir raté son parcours, peut-être seulement celle de n'avoir pas su choisir les bons chemins. Un constat de plus qu'elle laissera au placard comme tout le reste parce qu'elle ne voit plus d'intérêt à épiloguer … ce qui est fait est fait.

    Elle souffle doucement, regarde le ciel un instant puis écrase sa cigarette trop rapidement fumée à son goût mais qu'à cela ne tienne, elle en allumera une autre plus tard. Un vice moindre, la cigarette … mais cette petite drogue ne la tuera pas. Un jour un criminel lui tombera dessus, à force de vivre dans ce monde on finit par y laisser des plûmes et ce n'est pas comme si elle avait assez de relations personnelles pour la sauver. Qu'importe, elle ne protestera pas, se contentera de passer l'arme à gauche quand l'heure sera venue pour la seule raison qu'elle a oublié depuis longtemps l'idée d'un miracle. Elle pense à Hades, se dit qu'elle n'aimerait pas l'abandonner et qu'elle fera suffisamment attention pour tenir plusieurs années encore … histoire de le rejoindre et non l'inverse.
    En fait, il se pourrait qu'il soit dans le vrai. On ne sait ce qu'on cherche que lorsqu'on le trouve et il est fort probable que sa principale recherche à ce jour soit une idée pour demeurer vivante. Rester discrète dans son métier de l'ombre également afin d'éviter la police … Pour le reste, bah … se marier, fonder une famille tout cela à l'air si accessoire de son point de vu.

    « Vous avez raison ; j'ai encore le temps de chercher … Les gens ont tous un but même s'il est flou. »

    La jeune femme sourit, simplement. À bien y regarder ces années d'errance lui ont profité même si elle n'a pas trouvé le morceau manquant à son propre puzzle. Ses voyages et ses recherches lui ont apprit des choses, l'ont forgé et ont finit par l'amener à ça … ce salon à deux visages. Un commerce, un travail. Elle n'en sort pas perdante.

    Plus sereine Vicky aimerait pouvoir retourner ces mots à son interlocuteur ; lui dire en serrant sa main à son tour qu'il devrait encore profiter des moments offerts mais non … elle se tait sachant qu'il n'aurait pas envie de ça et elle en vient à presque détester ce sentiment d'amour qui, s'il unit si bien peut briser d'un claquement de doigts. Peut-on être heureux en couple sachant qu'on souffrira tellement si l'âme soeur s'en va ? Ne vaut-il pas mieux rester seul et ne souffrir que des petites choses du quotidien ?
    À quoi bon se poser la question, elle imagine déjà trop bien les « Tout le monde rêve du grand amour » ou les « L'être humain est pas fait pour rester seul » qu'on lui jettera au nez. Rien à faire ; elle n'en voit pas l'utilité …
    Le menton sur la main elle fixe durement ce jeune couple à travers sa vitrine. Ils lui apparaissent naïfs avec leurs yeux pétillants, leurs grands sourires et leurs doigts enlacés … ça ne dure pas éternellement bon sang. N'ont-ils pas un peu réfléchit ? Pensent-ils que tout ira bien s'ils sont ensemble ? À deux contre tout ?

    Elle soupire, détourne le regard pour oublier ces questions devenues impossible à résoudre. Vicky ne voudra pas de quelqu'un ; elle a Hades … son fidèle compagnon et c'est largement suffisant. Beaucoup ne verront en un animal qu'un simple objet, une sorte de jouet pour amuser les enfants mais c'est tellement plus que ça … Car eux n'attendent rien en retour de tout ce qu'ils donnent sinon un peu d'attention, et comme les humains leur rendent mal parfois ...

    « Vous n'avez jamais pensé à adopter un animal ? »

    Et pourtant … cela lui ferait certainement du bien de s'occuper de quelqu'un à nouveau.
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Joel Belsph
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyDim 22 Jan - 22:55

Beaucoup de personnes pensaient que la présence d’un animal pouvait aider à guérir bien plus vite d’un deuil. A dire vrai, Joel s’était presque toujours imaginé sa retraite avec un chien. Avec Helen aussi, mais cela était une autre histoire, une de celles qui ne peuvent plus ni s’écrire, ni se raconter. Le chien, il ne savait plus où le placer du conte ou de la réalité, en voulait-il un encore ?
Il y avait d’autres possibilités aussi : un lapin nain, un hamster, des souris… Peut-être une souris qu’il appellerait Basil, oui ? Le professeur trouvait ce nom fort seyant à un rongeur. De chat il n’en était pas question, il n’aimait pas cela.

Ou alors….

Ou alors déménager, quitter Londres, la ville, le cimetière… Se prendre une grande maison à la campagne avec peut-être un âne ? Oui Joel pouvait rêver d’animal, de maisons avec pierres en meulières, de grands jardins… Il pouvait rêver car les rêves ne sont pas faits pour être réalisés. Alors l’homme haussa simplement les épaules, regardant par la vitrine tous ces passants si gonflés de vie. Il y a une dizaine d’années, il avait été comme eux et la vie lui paraissait aussi vaste qu’un tapis étendu à ses pieds. Tu parles… Aujourd’hui, le tapis était pourri, troué, dévoré par les mites et ne donnait plus envie d’avancer. Pourtant il fallait bien le faire, non ?

On ne nous laissait pas le choix : bien que moderne, le XXIe siècle refusait encore d’entendre parler de suicide. Il s’agissait d’une maladie adolescente, une qu’ont ces gamins paumés voulant se rendre intéressants ou bien manquant de volonté, parce que qui donc irait se retirer de la vie de lui-même, comme ça, hein ? Joel n’était plus un adolescent depuis longtemps, et cette envie de mourir était ancrée en lui face à un monde trop terne, trop gris. Il en avait parfois eu, des gosses mal dans leur peau qui rêvaient de se pendre ou bien de se tirer une balle. Et puis… oui il se souvenait de cette rencontre au deuxième étage du bâtiment où il enseignait, bousculade des élèves, cris, rires, bruits, silhouette chétive qui regarde par-dessus la rambarde, sauter, pas sauter ? Il ne se rappelait plus vraiment si cet élève avait été garçon ou fille, ne restaient que deux grands yeux noirs et une envie fugitive de s’envoler…

Et les hommes vieux, mais pas assez pour mourir, et lui-même ? Il avait aimé la vie, il avait aimé sa vie, la femme qui avait partagé son lit et tous ces enfants qu’il avait instruit. A présent que le soleil était couché, à quoi bon veiller à la lueur des bougies ? Il voulait juste fermer les yeux….
Ce n’était pas de la tristesse, de la lâcheté, cela n’en serait jamais. Juste une lassitude trop grande pour être qualifiée. Le monde pouvait encore contenir beaucoup de joies et d’horreur, mais cela n’était pas pour lui. Il aurait sauté le pas depuis longtemps, dans sa solitude veuve, s’il n’y avait ce tabou inconscient : mourir, vraiment ? Et de ses propres mains en plus, non…. Ce serait idiot, tellement idiot….

Parfois, Joel avait l’impression de devenir fou, il se demandait si sa douleur était bien là, existait réellement. Alors il buvait, essayant de se donner mauvaise conscience pour des choses bien plus concrètes que des idées noires….

Suicide, dépression, laisser-aller, aucun chien ne pourrait l’aider à battre tout cela. Il risquait juste de rendre l’animal malheureux lui aussi…
Alors doucement, Joel sourit à Vicky et secoua la tête. Pas d’animal….

Ce n’est pas un animal qu’il me faut pour mes vieux jours, pas si vieux que cela. Parce que ce n’est pas à un animal que je murmurai des vers de Tennyson lorsque j’aurai envie de terminer cette mascarade.

D’un geste absent, il écrasa la cigarette dans le cendrier et s’en ralluma automatique une troisième. Les mots du poète se confondaient avec la fumée….

Be near me when I fade away, to point the term of human life and on the low dark verge of life, the twilight of eternal day…

Dans ses yeux désormais, les spectres d’une vie passée avec ses hauts et ses bas. Des choses qu’on ne pouvait retrouver…

Non miss, parfois quelqu’un part et il ne reste plus que la solitude. Parce que c’est ainsi, que les choses changent et qu’un animal serait bien malheureux avec moi. Je crois que je pourrais même rendre fou jusqu’à un innocent poisson rouge

Si animal il y avait un jour –fontaine, je ne boirais jamais de ton eau ?- ce serait à lui d’apprivoiser le maître et non le contraire.
Oh Helen, tu aurais pu vivre encore un peu…

A ce propos, vous ne m’avez pas encore dit comment s’appelait votre ami. Allez, viens là mon garçon, approche donc…
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Vicky Grant
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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyJeu 26 Jan - 1:43


    Elle n'extrapolerait rien en disant que ce fidèle ami l'a sauvé. S'en occuper, apprendre à le connaître, ces choses qu'elle n'avait jamais accordé à quiconque depuis la mort de son père. La solitude l'avait enlacée depuis des mois, des années et ils s'étaient trouvés, lui aussi abandonné qu'elle … Pour beaucoup un animal vaut tout les amis du monde, elle en fait partie. Vicky n'a jamais su aller vers les autres, elle ne se sentait pas appréciée, pas comprise et elle ne cherchait pas à imposer sa présence à qui que ce soit. Hades fut son oxygène, le rouage manquant à sa propre machinerie.

    Elle s'est ouverte, assez pour affronter la clientèle régulière, assez pour apprendre à sourire même si l'effet ne dure pas. S'il partait que ferait-elle ? Elle n'imagine plus sa vie sans ce molosse couché dans le même canapé, le même lit qu'elle, comblant une vie trop vide. Alors elle évite d'y penser, elle élude la simple idée de sa perte car elle serait trop lourde à porter. Lentement, la jeune femme tourne la tête et lui jette un regard, songeant comme ils ont passé de bons moments tout les deux … Elle n'oubliera rien.
    Pourquoi ne pas murmurer des vers à un animal au fond ? Parce qu'il ne répondra pas ? Un point de vue …

    Elle lève un sourcil à la phrase de son interlocuteur. Même un poisson ? C'est à ce point ? S'estime-t-il si perdu pour avoir de telles pensées ? En fin de compte, attend-il seulement le jour où il soufflera pour la dernière fois ? Décidément, l'amour n'aide à rien …

    « C'est un peu extrême non ? Le poisson rouge … Mais c'est de nature stressée cela dit. Un serpent peut-être ... »

    Mince ! Chassez le naturel il revient au galop … elle prend une nouvelle cigarette à son tour, préférant ne pas s'attarder sur le sujet. Cette passion pour les animaux du genre aurait trop vite fait d'intriguer. On voit si mal une demoiselle de son allure en adoratrice des ophidiens. Heureusement, le chien a retenu l'attention du client à sa manière et elle sourit, voyant son animal approcher sans se faire prier. Hades n'est pas stupide, il sait reconnaître la bonté, la méchanceté et s'il montre les crocs Vicky sait que la personne n'est pas fréquentable. Ici il est à l'aise, heureux de voir un nouvelle tête.

    « Il s'appelle Hades. N'y voyez rien de triste, il avait ce nom quand je l'ai adopté. Comme il y était habitué je ne lui ai jamais changé … »

    Elle se souvient de cette tête désolée derrière les barreaux de la cage, ce chiot encore pataud sur ses larges pattes ; celui-là même qui n'avait cessé de gémir en la voyant passer. On lui avait dit que les propriétaires ne l'avaient gardé que trois mois ; chose courante, bien des gens oublient comme ces chiens grandissent et qu'ils ne restent pas de jolies peluches. Hades a toujours été d'une taille imposante, il a fait peur bien plus d'une fois et pourtant il n'est pas brute pour deux sous. L'habit ne fait pas le moine, un proverbe dont on tient peu compte de nos jours …

    « C'est un si bon chien, j'ai réellement confiance en lui. Il m'apporte beaucoup … »

    La bête s'approche de sa maitresse, lui réclame une caresse qu'elle offre sans attente. L'ambiance est moins lourde mais elle a comme l'impression de le sentir planer, le fantôme de cette épouse perdue, celle partie avec la joie de son homme. Vicky sait qu'elle n'aura eut aucun effet miracle sur Joel et au pire, elle lui aura fait passer un peu de temps, ils auront discuter et elle retiendra ses conseils. Elle ne s'est fait aucune illusion, car son visiteur à trop de choses dans les yeux ; des souvenirs passés lui traversant l'esprit comme mille ombres chinoises. Elle n'y pourra rien, mais au moins la jeune femme espère que ce labs de temps passé avec elle ne lui aura pas été trop long à vivre. Vicky a conscience de n'être qu'une pauvre compagnie. Elle ne respire ni la joie ni la vie, elle n'est pas très avenante mais cela étant elle tenait à connaître d'avantage Joel Belsph.

    La pluie n'est plus, le soleil hivernal sèche paresseusement les pavés et au dehors les rues se réaniment, comme sorties d'un étrange sommeil. Vicky laisse filer un soupir, détendue. Elle imaginait sa journée morose, fade aussi. Mais il existe encore en certains une intelligence plaisante à constater, des personnalités uniques en leur genre et de Joel -qu'il revienne un jour ou non au Black Iris- Vicky retiendra ses mots sages, sa patience, ses yeux aussi sincères que désolés mais aussi, ce thé partagé au goût de souvenirs. Des songes amères il est vrai, et cependant il n'est pas stupide de revenir au bon vieux temps, aux bonnes comme aux mauvaises choses et si ces événements ont laissé quelconques cicatrices et bien elles restent la preuve la plus évidente, du fait que l'on a simplement vécu comme tout à chacun : en faisant au mieux, un jour à la fois ...

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MessageSujet: Re: A cup of tea Sir ? [Joel Belsph]   A cup of tea Sir ? [Joel Belsph] EmptyJeu 8 Mar - 14:44

Hadès, un nom triste ? La mort était une mélancolie, mais ses nombreux dieux tutélaires possédaient une noblesse et une humanité qui n’incitaient pas forcément à la tristesse. Joel pensa à Hades, à cet homme qu’il avait découvert dans quelques traités de mythologie. Le mythe de Proserpine, jamais vraiment là, mais jamais vraiment disparue non plus et puis cette empathie presque lumineuse pour un pauvre musicien au cœur brisé. Va Orphée, je te rends ta femme si tu ne te retournes pas en mon royaume. Etait-ce cependant la faute d’Hades si mû par quelques secrets, le cœur d’Orphée n’avait pas suivi sa raison ?
La mort n’est pas une souffrance, c’est une fin en soi que cela soit scientifique, mythologique ou bien même artistique. Non, la mort n’est pas une souffrance, on ne peut en dire autant du deuil ou de l’absence.

Joel esquissa un sourire triste, mais resta silencieux. Il n’avait pas de commentaire à faire sur le nom du chien, ses pensées étaient pour lui et pour lui seul. Un serpent en animal de compagnie ? Non il ne valait mieux pas, l’homme ne pensait pas être capable de s’occuper de quoi que ce soit, plus maintenant. Peut-être qu’un jour, il penserait différemment ? Mais la blessure était encore trop présente, trop brutale pour qu’il sache à nouveau donner un quelconque sens à sa vie.

Un bon chien ? Oui peut-être, les animaux peuvent nous donner des marques d’amitié bien plus sincère que les hommes. Hades semblait également être de la taille adéquate pour ne pas faire s’arrêter les gêneurs sur le chemin de la vie de Vicky.

Hé bien puisse Hadès vous garder des portes de la mort et de la tristesse

Un sourire doux et sincère, on pouvait parfois souhaiter du bonheur aux gens et seulement cela. Joel se demanda s’il n’avait pas vu trop de tristesse en une vie, trop de peine, de douleur, de solitude et de non dits. S’il le voulait, il pouvait ouvrir un cahier et écrire tous les rêves et les chagrins de chaque enfant ayant croisé son chemin. Il y aurait des pages de vie, mais aussi des pages de mort.

La vie n’était pas toujours faite pur être heureuse et bien vécue. Les tragédies ne sont pas pour ceux qui partent, mais bien pour ceux qui restent. La perte n’est rien face à la conscience du deuil, de cette même perte. Ce n’est pas dans l’acte que se trouve la souffrance, mais bien dans le rappel des évènements et les souvenirs. La malédiction de l’être humain, somme toute…

Et Joel souriait, parce qu’il n’y avait que ça à faire. Il pouvait espérer que les choses se calment, que l’on oublie la violence et la douleur rien qu’un instant, il pouvait espérer plein de choses oui…

L’homme caressa à son tour la tête du gros chien. Il savait qu’il ne voulait pas être seul et pourtant le restait, la peur était toujours la plus forte. Que se serait-il passé si Helen et lui avaient eu des enfants ? Ils seraient aujourd’hui orphelins voilà tout…
Bien sûr, le professeur était hypocrite. Hypocrite et perdu… Pendant de longs mois sa vie n’avait été rien d’autre qu’un emploi du temps strict adapté au bien être d’Helen, aux soins à lui apporter. Depuis sa mort, alors le temps était devenu cette chose vide et sans sens que Joel ne pouvait expliquer pas plus qu’exprimer. De temps en temps, il regardait par la fenêtre, s’apercevait que l’on était en hiver, ou bien en été alors que la veille encore tout lui seblait porter des parfums d’automne. De cela, il ne parlait jamais. Et personne ne le questionnait, alors au final les mots n’avaient que peu d’importance.

Un haussement d’épaule, comme un nuage de poussière que l’on fait s’envoler. Un voile de pass que l’on déchire, une larme qu’on oublie, il y a tant de choses dans un geste vous savez ? Et dehors, le soleil brillait à ne plus finir, la pluie prenait des allures de mauvais souvenirs. Un haussement d’épaule, un soupir, il voulait être jeune à nouveau, lui qui à présent se sentait trop vieux pour vivre. Mais aucun dieu n’avait l’oreille assez attentive pour l’écouter…

Continuez de porter la lumière en vous, miss, ne la partagez pas si vous ne le désirez pas, mais portez la. C’est votre bien le plus précieux, vous savez…
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