Sherlock 21st Century
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Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
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 Dining at the Ritz you pay the bill - Seb

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Dining at the Ritz you pay the bill - Seb _
MessageSujet: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyDim 21 Aoû - 18:22

Dining at the Ritz you pay the bill - Seb Iquoteslytherin074 Dining at the Ritz you pay the bill - Seb 30540563
LET ME PLEASE INTRODUCE MYSELF
I'M A MAN OF WEALTH AND TASTE



    Lorsqu'il s'ennuyait, James grignotait du chocolat. Oh, ne vous emballez pas. La confiserie, aussi appétissante et délicieuse qu'elle soit ne suffisait pas à calmer ses envies de meurtres – de planification de meurtre pour être exact mais c'est moins élégant et il est toujours bon de laisser une légère ambiguïté quant à la violence supposée de James.
    Bien sûr, il s'agit là d'un détail d'une très grande trivialité – Sherlock Holmes en déduirait certainement des choses fabuleuses mais hélas, il était très peu probablement que James Moriarty laisse échapper une seule petite anecdote se rapportant à sa vie privée. Donc, vous vous passerez des déductions de ce cher détective consultant.

    Ce détail, cette petite habitude alimentaire, énervait beaucoup Sebastian. Dans une classe et une hypocrisie toute aristocratique, l'ex-colonel considérait ce péché mignon comme une hérésie ; tout d'abord parce qu'il ne collait pas à l'image idéalisée qu'avait Londres du grand Moriarty et que c'était fort dommage mais aussi parce qu'il appréciait la fine gastronomie. Certes, on trouve des bons, voire excellents chocolats mais il s'agit là de dégustation, de titiller un peu ses papilles. Et ce n'était pas ce que James faisait. Il croquait dans la tablette comme un gamin en manque de kinder ; et avec violence généralement, car il n'en mangeait que lorsqu'il s'ennuyait (et par conséquent, lorsqu'il était furieux). Exactement comme Sherlock, Moriarty redevenait enfant lorsqu'il n'avait rien à faire et tout ce comportement agaçait autant Moran que Watson.

    Généralement, usant de toute la diplomatie dont il était capable, Sebastian tentait de raisonner James. Non pas concernant le chocolat – ce n'était que le symptôme et pas la cause du problème – mais plutôt son mortel ennui. Il lui assurait qu'ils n'était pas incurable, et la plupart du temps ils échouaient dans un casino ou un bar où personne ne les reconnaissaient – ils profitaient d'ailleurs de cet avantage pour se moquer des clients et du personnel ou miser des sommes impressionnantes qu'ils ne remboursaient jamais.

    Cette fois-ci, Sebastian avait trouvé quelque chose d'autre, une idée de génie qui réglerait le problème du chocolat, une sortie inédite et un petit plaisir auquel, étonnement, ils n'avaient pas encore goûté : le restaurant. Bien évidemment, pas le troquet du coin, non. Moran connaissait du monde, c'était là une de ses principales qualités, il lui avait suffi d'un coup de téléphone pour qu'on réserve une table à son nom. ( et pas au nom de Moriarty, bien qu'il s'agisse d'un nom relativement courant, ils ne voulaient prendre aucun risque )

    Sebastian avait enfilé un de ses plus costumes et James avait bien compris que ce n'était pas seulement pour le plaisir d'être élegemment vêtu. Il espérait – pire, il était certainement persuadé – qu'ainsi habillés on ne les prendraient pas pour un charmant couple de nouveaux riches mais plutôt pour deux hommes d'affaires en grande discussion. Moriarty le lui avait bien évidemment fait remarquer, et Moran s'était contenté de grogner qu'il n'avait absolument pas pensé à ça mais qu'il n'y avait de toutes façons aucune raison qu'on les prenne pour un couple tant qu'ils ne comportaient pas de manière outrageusement ambigüe en public (regard en biais). Il avait ajouté que le chef et le maitre d'hotel le connaissaient bien et l'avaient accueillis plusieurs fois avec des femmes (regard fier presque victorieux) et que, par conséquent, ils n'avaient aucune raison de douter.

    Ce à quoi Moriarty avait répondu par un petit rire moqueur. Si Sebastian n'était pas si respectueusement loyal, il aurait probablement continué la discussion mais il se contenta d'hausser une épaule, visiblement contrarié.

    James put constater que Sebastian n'avait pas menti – il n'en avait guère douté mais sait-on jamais – lorsque la serveuse lui adressa un sourire plein de chaleur (et d'espoir) et s'adressa à lui par son nom de famille. (« Bonjour Monsieur Moran, oui bien évidemment votre table est réservée pour vous et votre (sourire) hôte. J'espère que vous y serez au calme (sourire) n'hésitez pas à m'appeller si ce n'est pas le cas (sourire accompagnée d'un fort rougissement) » )

    Moran, à son habitude, ne put s'empêcher de lui retourner son sourire, qui n'avait cependant rien en commun avec le rictus gêné de la demoiselle, et ils la suivirent jusqu'à leurs table « au calme ». Effectivement, elle se trouvait relativement à l'écart, contre un mur à la tapisserie couverte d'arabesques, et faisait face à une des plus belles vues du restaurant : on ne voyait pas la rue par la fenêtre, mais un parc voisin et il n'y avait personne pour passer trop près de la vitre.

    « Excellente idée Sebastian », lança James lorsqu'ils se furent enfin assis, « Vraiment excellente idée. »

    Il n'y avait pas une pointe d'ironie dans sa voix, mais pourtant il ne semblait pas réellement sincère.

    « Dommage que tu ne puisses pas t'empêcher de draguer tout ce qui porte une jupe. Toi qui tenait à ta discrétion ; elles ont toutes dû te remarquer. »

    C'était dit avec un grand sourire, sans que ne transparaissent ni la jalousie ni la colère, seulement une aigre douce pointe de mesquinerie.


Dernière édition par Jim Moriarty le Dim 21 Aoû - 19:56, édité 1 fois
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Sebastian Moran
Criminel | The second most dangerous man in London
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Sebastian Moran

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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyDim 21 Aoû - 19:35

Sebastian n’avait jamais eu beaucoup d’amis, mais s’était toujours habilement débrouillé pour entretenir un vaste réseau de connaissances dont il n’hésitait pas à se servir. Il n’était pas désagréable, pourtant, s’attirant au contraire aisément les grâces des dames et les compliments des hommes. Suffisamment distingué pour être remarqué mais cependant assez discret pour ne pas être jalousé, il occupait la place d’honneur dans les hautes sphères : celle du gentleman mystérieux et (il semblerait) irréprochable. L’homme à qui l’on ne refuse pas un service.
Bien entouré – c'est-à-dire entouré de manière utile - depuis son plus jeune âge (merci papa-maman), il n’avait jamais ressenti le besoin d’avoir des amis.


Il fallait pouvoir se confier, pour avoir des amis. L’ami doit être disponible, présent et à l’écoute. Cela lui demandait une énergie qu’il n’avait pas et l’effrayait. A qui aurait-il donc eu envie de confier ses moindres secrets ? Jeune, il s’était parfois demandé, observant à Eton les bandes de garçons aussi étroitement agglutinés que des atomes: « Mais comment font-ils ? Où trouvent-ils le courage, l’énergie ? ». Puis, le temps et l’expérience lui avaient ouvert les yeux : la plupart des gens n’avaient, en réalité, pas d’amis. Ils croyaient en avoir, tout au plus, mais ce n’était guère plus que des connaissances. Le monde était cruel et cynique, et rares sont ceux qui pouvaient se vanter d’avoir à l’affronter aidé d’un allié.


Puis un jour, alors qu’il s’était depuis longtemps fait raison, il avait trouvé son allié. Il se souvenait parfaitement de ce jour de janvier où cinq hommes l’avaient enlevé et drogué afin de l’amener rencontrer James Moriarty en chair et en os. Il avait entendu parler du fantastique génie par hasard, dans un de ces clubs qu’il s’était mis à fréquenter après avoir été remercié de l’armée et dépouillé de son grade. Moran avait alors fait comprendre au plus de monde possible, tout en tâchant de rester discret, ce qui n’avait pas été tâche aisée, que la place de chef de staff l’intéressait. Et il l’avait eu, l’entretien d’embauche n’avait pas été conventionnel, mais d’une manière il lui avait plu malgré l’entrée en matière plutôt abrupte.

Beaucoup hausseraient les sourcils, retenant un cri d’indignation, à l’idée que quiconque puisse définir Moriarty comme un ami.

Dès la première seconde, Moran comprit qu’il n’était pas un homme comme les autres. Il était même différent de tous les criminels qu’il avait connu. Moriarty n’obéissait qu’à sa logique, comme un objet mathématique n’obéissant qu’à ses propres lois. L’homme paraissait dangereux, changeant, étrange et il l’était. Il l’était ce qu’il paraissait et même plus encore, alors que la foule se contentait d’un masque pour le public, lequel cachait plus ou moins bien le grand vide de leur âme. Avec James, il s’était senti renaître, il avait retrouvé le champ de bataille et l’étrange chimie qui s’était noué entre les deux hommes avait vite fait d’ajouter au rapport boss-subordonné une nouvelle couche : l’amitié.


Il ne doutait pas une seule seconde que Moriarty lui fît confiance. Après tout, il était l’un des seuls à connaitre son visage et ils vivaient même ensemble – sans, d’ailleurs, que Moran ne puisse se souvenir vraiment de comment ils en étaient arrivés là. Tout se déroulait naturellement entre eux deux. Ils avaient leurs accrochages, certes. Moran avait eu le droit aux réprimandes sévères et souvent injustes de James, mais il y avait survécu, contrairement aux autres. Il lui était arrivé d’être violent avec Sebastian, cruel, même, prenant un malin plaisir à deviner ses plaies et à jouer avec. Et il tolérait tout cela, parce que jamais, même dans les pires moments, il n’avait eu l’impression de vivre et non pas seulement d’exister. Avant de connaitre James, ça ne le dérangeait guère, mais maintenant, il savait qu’il ne pourrait plus s’en passer.


Et Moran imaginait que James devait donc correspondre à la définition d’un ami. Un ami qui lui demande de faire fondre des cadavres dans de l’acide ou de se servir de ses talents de tireur pour faire taire un bavard, un ami avec qui il s’amuse enfin, bien qu’il y ait rarement quelque chose de bon à manger dans le frigo et qu’il lui arrive parfois de glisser sur les feuilles de papier qui jonchent le sol de leur appartement, couvertes de formules mathématiques.

Toutefois, bien qu’il fût son ami et même justement parce qu’il était son ami , il ne laissait pas tout passer.
Les cadavres fondus, si tu veux, mais tout de même, être incapable de manger autre chose que des dragibus ou du chocolat, non. Surtout quand on se targue de porter du Westwood.

Et c’est pour cette raison, par amitié, qu’il avait décidé d’emmener Moriarty dîner au Ritz, lieu qu’il connaissait bien. En tête à tête. En soirée. Un peu à l’écart.
Entre amis.

Moran retourna poliment son sourire à la jeune et jolie serveuse qui les installa, ne pouvant s’empêcher de noter qu’elle rougissait en le regardant, ce qui le mis d’encore meilleure humeur.

« Excellente idée Sebastian », lança James lorsqu'ils se furent enfin assis, « Vraiment excellente idée. »

Sebastian ne put retenir un petit sourire satisfait, James n’était pas le genre d’homme généreux en compliments, mais chacun d’entre eux était sincère et apprécié à sa juste valeur.

« Dommage que tu ne puisses pas t'empêcher de draguer tout ce qui porte une jupe. Toi qui tenait à ta discrétion ; elles ont toutes dû te remarquer. »

Son sang ne fait qu’un tour. Ah, l’ingrat, la peste, l’abominable fouine.
Quiconque aurait la chance de savoir à quel point Moran avait tenu à ce dîner, à quel point il l’avait orchestré de manière désintéressée, dans l’unique finalité de faire plaisir à son ami comprendrait sa colère.
Moriarty ne savait pas apprécier un bon moment. Ou plutôt : Il ne savait pas le partager. Il était sans doute authentiquement ravi, mais avait pensé qu’il le serait encore plus en vexant Moran. Ce genre de petite mesquinerie lui passait habituellement au dessus, il y était habitué, toutefois, aujourd’hui était un jour spécial et il ne pouvait s’empêcher de se sentir comme un chien que l’on moque, ce qui décupla sa rage bien qu’il n’en laissât rien paraître.

Au lieu de s’énerver et d’attirer l’attention sur eux (le maître d’hôtel ne cessait déjà pas de leur lancer des petits coups d’œil. Qu’y avait-il de si étrange dans un dîner à deux ? En soirée. En tête à tête. Entre amis) il décida de répondre par une pirouette.

« Jaloux James ? Ou alors ce sont les lieux qui te font stresser, peut-être. Je comprends, c’est impressionnant. »

Il remercia d’un signe de tête agrémenté de son plus beau sourire la serveuse qui était venue leur apporter le menu et continua, feignant de parcourir la liste de mets des yeux :

« Il n’y a vraiment pas de raison, pourtant. Et puis, tu peux te permettre ce genre d’endroits… maintenant »

Et pan dans les dents. Il avait du mal à ne pas rire en s’imaginant James jeune, mal fagoté, pieds nus dans la boue et ramenant ses moutons dans sa ferme Irlandaise. Le portrait était sans doute exagéré, mais c’était la petite vengeance mesquine d’un fils de bonne famille qu’il se permettait quand Moriarty allait trop loin.

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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyDim 21 Aoû - 21:58

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    James Moriarty estimait deux personnes réelles au monde (il est trop aisé d'estimer des personnages fictionnels, il s'avouait une faiblesse pour le capitaine Crochet) : Sherlock Holmes, dont le seul nom faisait frémir de rage la deuxième personne dont il est question ; Sebastian Moran. Concernant le premier, les raisons en étaient évidentes : il s'agissait du seul homme au monde à, non seulement rivaliser avec lui mais à le comprendre. Sherlock et lui partageaient la même aversion pour la routine, l'ennui, l'oisiveté et parvenaient toutefois à se fasciner mutuellement.

    Moran, lui, le complétait. Il n'avait pas grimpé les échelons du crime puis rencontré Moran ; il avait rencontré Moran et, par conséquent, gravi les escaliers de l'illégalité quatre à quatre. Il y serait peut-être parvenu sans son aide, mais, autant être honnête, un homme de main de la trempe de Sebastian lui facilitait bien les choses. Il ne se voyait pas manier une autre arme qu'un revolver – et même ce petit calibre le déstabilisait, et il ne s'imaginait pas entretenir le réseau qui gravitait autour de l'ex-militaire. Moran n'était pas seulement un bras droit, il ne s'agissait pas d'une arme ambulante, d'une brute dont sont si souvent flanqués les maitres du mal – non, absolument pas. Sebastian était cultivé, rusé, et son charme n'avait d'égale que sa farouche, incroyable loyauté.

    Certes, James pouvait parfois se montrer aussi émotif qu'une cuillère à café mais cela, il le remarquait, l'appréciait et le reconnaissait sans mal. Il n'imaginait pas sa vie de criminel sans Sebastian, aussi bien pour des raisons pratiques et évidentes que pour des motifs moins évidents. La vie, malgré Sherlock, serait beaucoup plus ennuyeuse. Il aurait, évidemment, toujours Holmes pour l'occuper mais à quoi bon s'il ne pouvait pas échafauder des plans extraordinaires, voir ses crimes parfaits prendre vie, engager des peintres à l'autre bout du monde ? Il ne pouvait pas faire ça tout seul. Et il ne faisait confiance qu'à Sebastian Moran.

    Qui aime bien, châtie bien, comme on dit. On pourrait cependant objecter : Jim ne châtiait pas 'bien', il châtiait beaucoup et ne donnait absolument rien – de très concret – en échange. D'un point de vue très objectif, c'est à se demander comment ce cher Sebastian n'a pas encore fait ses valises pour Tombouctou (peut-être parce qu'il sait pertinemment que Moriarty pourrait le retrouver...)

    James lança un regard faussement interrogateur au maître d'hôtel dans l'espoir de le faire déguerpir. On ne pouvait se montrer trop prudent : leurs discussions – même celles qui ne pouvaient raisonnablement être baptisées 'disputes' – étaient parfois susceptibles d'attirer les regards et il ne tenait pas à se faire remarquer. Comme toujours. Moriarty, dans tout ce qu'il avait de plus paradoxal, n'avait jamais recherché l'attention des autres et il ne comptait pas commencer maintenant, génie du crime ou non.

    « Jaloux James ? Ou alors ce sont les lieux qui te font stresser, peut-être. Je comprends, c’est impressionnant. »

    Il avait cet air que James haïssait.
    L'air de Sebastian « Je suis allé à Eton et mes parents ont des comptes en suisse » Moran. On a beau être un génie du crime, défier les lois de l'intelligence et considérer la cosmologie comme une science facile d'approche, ce genre de petit mépris sournois agacera toujours.

    Certes, la famille de James ne vivait pas dans la boue et le fumier, mais par rapport à celle de Sebastian, vraiment, on n'était pas loin.

    « Il n’y a vraiment pas de raison, pourtant. Et puis, tu peux te permettre ce genre d’endroits… maintenant »

    Son regard froid se promena sur les murs un instant ; il n'était pas un visiteur, mais un homme qui redécouvrait un décor familier. Oui, c'est ça, le Ritz, c'est son chez-soi.

    « Mon cher Sebastian, je crois que je ne me suis pas bien fait comprendre »

    James força Sebastian à abaisser son menu et le lui pris des mains avec dextérité comme un écureuil s'empare d'une noisette. Moran ne chercha pas à le récupérer ; il n'était probablement pas réellement en train de réfléchir à sa commande (il devait bien avoir une commande fétiche et habituelle non ? Du genre « L'habituel Monsieur Moran ? » « Évidemment, pourquoi changer mes habitudes quand elles montrent que je fais parti du grand Londres Winston ? »)

    « Tu as peut-être le porte-monnaie, les connaissances, si tu veux. Mais le bras droit, l'associé, le sbire, c'est toi »

    Il appuya bien sur le mot sbire – le petit côté héroïc fantasy que cela donnait à leur duo n'était pas pour lui déplaire. Ou plutôt, il était pour déplaire Moran, ce qui était exactement l'effet recherché.

    « D'ailleurs, c'est moi qui commanderai le plat. Et le dessert aussi. Comme ça ils penseront que l'invité c'est toi. Parce que tu sembles l'oublier, si tu es là, c'est grâce à moi ».

    Il étira un sourire d'une cruauté enfantine – comme le gamin qui casse le jouet de plus petit que lui. Conscient de sa puérilité ou non, il s'amusait bien.
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Sebastian Moran
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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyLun 22 Aoû - 18:33


« Tu as peut-être le porte-monnaie, les connaissances, si tu veux. Mais le bras droit, l'associé, le sbire, c'est toi »

Depuis tout jeune, Sebastian aimait les mots. Il avait très vite appris à lire, au plus grand bonheur de ses parents dont il était – à l’époque – le petit bijou. Il avait parcouru Stevenson, Kipling et Verne des centaines, peut-être des milliers, de fois, voyageant à travers les pages, rêvant de la jungle et de l’inconnu avec une avidité peu commune.

Puis, le temps passant, il s’était lassé. Surtout lorsqu’il avait eu l’occasion de parcourir le monde pour de vrai, accompagnant le plus souvent son père. C’est à ce moment là qu’il avait découvert une autre facette du langage, alors qu’on le traînait dans les salons et conférences où il buvait les paroles de son géniteur. Les mots, savamment employés, n’étaient pas moins efficaces que des armes. Combien de fois avait-il observé son père – dont la profession n’était autre que l’art de la rhétorique, la diplomatie – se sortir d’une situation délicate ou s’attirer la sympathie d’un interlocuteur à l’aide d’un bon mot.


Il n’avait jamais pu suivre ses traces, pourtant, et pour tout dire, il ne l’avait jamais désiré. Enfant taciturne et réservé, il avait appris en grandissant, à charmer, mais n’était jamais devenu le maître qu’avait été son père. Il ressemblait davantage à un joueur de poker qui use de son don avec parcimonie en vue d’une finalité bien précise, qu’à un avocat enflammé qui plaiderait pour n’importe quelle cause à renfort de grandes discours lyriques.

Refusant d’étudier les relations internationales, ce qui avait fortement déplu, il avait préféré étudier les lettres et civilisations étrangères. Elève brillant et discret, il n’eut aucun mal à obtenir un diplôme que peu auraient tenté, craignant le manque de débouchées. Toutefois, le compte en banque familial lui épargna ces soucis matérialistes. L’apprentissage de langues étrangères et la découverte de modes de vie différents, hors de l’ordinaire lui avait plu un temps. Et, comme à chaque fois, il s’était lassé et était parti en guerre où il eut tout le temps de parfaire ses talents de tireur et son arabe.


Lorsqu’il était rentré, il avait dû réapprendre l’art de la discussion et du charme. On se passe aisément de mots, sur le champ de bataille, et sa fascination pour ceux-ci avait passé, remplacée par quelque chose de beaucoup moins intellectuel mais beaucoup plus concret : la recherche du frisson, de l’excitation. D’ailleurs, si aujourd’hui il maintenait un réseau de relations, ce n’était pas par amour du langage et de la discussion, qu’il n’avait jamais vraiment eu, mais par pur utilitarisme.


Travailler pour James Moriarty avait été un fort désagréable chaud et froid. Lui, qui après l’Afghanistan avait perdu toute notion de relation humaine, dut réapprendre avec le pire des professeurs. Moriarty pouvait être, en privé et avec lui, un véritable moulin à paroles. Toutefois, masqué derrière une apparente futilité, cogitait un homme horriblement doué avec les mots. Moran qui pensait avoir été un jour doué d’un sens de la répartie honorable et d’une facilité avec les mots rencontra celui qui les avait parfaitement dressés. Jim savait viser là où ça fait mal et il n’hésitait pas à appuyer, à ajouter du sel et de la javel. Il avait le don pour les petites piques venimeuses aussi bien que pour les grandes envolées (sur Sherlock) ou les réprimandes les plus sanglantes (sur lui et d’autres, trépassés depuis).

Sa voix pouvait être douce comme du velours ou coupante comme de l’acier ; il savait comment faire trembler un homme de peur avec seulement quelques mots et il contrôlait les souterrains de Londres avec la même aisance. Certes, il ne s’exprimait que très rarement –voire pas du tout- en face-à-face, mais un simple SMS pouvait convaincre un homme qu’il était préférable qu’il aille se jeter dans la Tamise de lui-même.

Moran était un homme endurci et la plupart du temps, il se contentait d’ignorer Moriarty, même si il le touchait à chaque fois. Lorsqu’il était en colère, et en l’espèce, il l’était, James pouvait être absolument exécrable, d’autant plus que, contrairement à la majorité des gens en proie à la haine, il pensait chaque mot de ce qu’il disait.


Au mot « sbire », il serra les temps et cligna des yeux sans le regarder, mais ne se permit pas une parole. Il essayait de se consoler en se répétant que si son ami agissait de manière si perfide, c’était sans doute parce qu’il avait visé juste. L’image de James avec ses moutons lui revint en mémoire mais ne suffisait plus à le faire rire.


« D'ailleurs, c'est moi qui commanderai le plat. Et le dessert aussi. Comme ça ils penseront que l'invité c'est toi. Parce que tu sembles l'oublier, si tu es là, c'est grâce à moi ».


Sebastian ne put retenir un rictus, la grimace de celui qui se dit en son for intérieur « ah, j’en étais sûr, ça ne m’étonne pas de lui » et reporta son regard sur Jim.
Il faisait l’enfant, ça arrivait souvent et ne laissait rien présager de bon, mais il avait décidé de ne pas le laisser gâcher son cadeau.

Quelle ironie, pensa-t-il, c’est moi qui lui offre quelque chose et je dois encore faire attention à ce qu’il ne fasse pas tout foirer. Ingrat.

« Comme tu veux, Jim. »

Parfois, il se demandait s’il n’était pas fou, à supporter la compagnie d’un homme aussi cruel et qui, parfois, semblait n’avoir aucun égard pour lui. Dans ces moments là, il ne pouvait s’empêcher de penser à John Watson qui suivait Sherlock de partout, quand bien même celui-ci était affreusement infect et l’empêchait d’avoir une vie sentimentale digne de ce nom.
Ah, ils faisaient bien la paire, avec Jim.

Dans ces moments là, il se souvenait que sans Jim, il serait probablement en train de bosser pour un journal à la con, ou plutôt de faire semblant de bosser en écrivant quelques articles de temps à autre. Moriarty n’avait pas tort, il aurait très probablement eu une vie rangée et minable qu’il agrémenterait de soirées poker au Borsch. Puis il faudrait rentrer, pour ne pas que la bonne femme qu’il aurait – ou que sa famille- aurait choisi ne lui fasse une mauvaise réputation auprès de la haute société à laquelle appartenait ses « amis ». Plus de voyages, plus de visites impromptues à la mafia russe ou chinoise, plus de cadavres dans la baignoire, plus de courses-poursuites dans Londres, plus de longues soirées d’hiver à attendre sur un toit que la cible veuille bien passer devant sa fenêtre…

Peut-être même qu’il aurait eu des gosses. Ils auraient ses cheveux blonds, ses yeux gris et ils brailleraient toute la journée, comme des enfants de riches mal éduqués. Puis, ils iraient à Eton et deviendraient avocats, médecins ou notaires.

Il frissonna de dégoût.



Jim semblait calmé et parcourait le menu des yeux d’un air un peu ennuyé. Moran fronça les sourcils, espérant qu’il ne commande pas de dragibus. Il avait presque l’air normal, relaxé, songeant à autre chose que son travail. Mais peut-être n’était-ce qu’une impression et qu’au lieu de songer à sa commande, il observait les prix des différents mets et s’amusait à créer différents algorithmes.

Moran sourit et ne cessa que lorsque son ami releva la tête avec l’expression de celui qui sait qu’on l’observe mais aimerait bien que ça s’arrête, maintenant.
Il fit comme si il n’avait pas compris et lâcha :

« Tu as une idée de pourquoi je t’ai amené ici ? »


Jim le dévisageait, sans doute dérangé à l’idée que quiconque puisse seulement songer à « l’amener quelque part » avec une arrière-pensée en tête et peut-être insulté que Moran lui pose une question à laquelle il n’avait pas réponse. Une fois encore, Sebastian fit comme si de rien était et continua, plein d’entrain :


« C’est ton anniversaire, James ! Ne me dis pas que tu avais oublié. »

Un long silence s’installa entre eux. Sans qu’il ne comprenne pourquoi, James semblait outré. Pourtant, le cadeau moins atypique qu’il lui avait offert l’année dernière (une caisse d’explosif) avait été qualifié de « stupide et quelconque » ! Alors pourquoi quelque chose de plus conventionnel ne lui plaisait-il pas ?

Pire qu’une femme.

Moran se mordit la lèvre, espérant qu’un serveur arrive très vite et continua :

« Hé bien… Hm. Joyeux anniversaire, je suppose. Ne cache pas ta joie, surtout »
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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyLun 22 Aoû - 20:30


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    James avait une étroite vision de la liberté des autres : les londoniens, et par extension, la masse indistincte que formaient l'humanité étaient, pour faire simple et concis, des pions sur l'immense échiquier de son libre-arbitre. Certains pions, évidemment, revêtaient plus d'importance que les autres dont l'identité n'avait aucune importance à ses yeux : en théorie, tout bon joueur d'échec le devinerait, il y aurait deux tours, deux fous, deux cavaliers, une reine ( il n'avait pas décidé ; était-il le roi ou la reine ? La partie ne se termine qu'à l'abandon du roi, mais il est si faible face à la reine toute puissante. ). Sur l'échiquier de Moriarty, il y avait des pions, beaucoup, qu'il contrôlait à volonté. Il y avait lui, bien sûr, roi ou reine, il tirait les fils, prévoyait et ordonnait chacun de leurs mouvements. Et il y avait un cavalier. Moran était bien trop soigneux et loyal pour être un fou ; il avait hésité concernant la tour. Mais il n'était pas suffisamment calme, trop dans l'action. Le cavalier collait bien à sa loyauté bravache, à sa témérité toute chevaleresque. Assurément, Sebastian avait sa place dans un roman.

    Sa liberté à lui, évidemment, n'avait aucune limite. Aussi se permettait-il, s'offrait-il même, le droit de faire ce qui lui plaisait, lorsque que cela lui chantait. Une si dangereuse façon de penser chez quelqu'un dont l'imprévisibilité n'a d'égale que l'immoralité, la Terre a du soucis à se faire.

    James considérait donc souvent Sebastian comme un pion – mais cela ne voulait pas dire qu'il ne tenait pas à lui. Il s'en souciait à sa manière bien particulière et avait des façons toujours tordues et incompréhensibles de le montrer. Il offrait l'univers à Sebastian, un univers bien plus intéressant que celui que ses parents lui avaient promis : l'adrénaline et ses bienfaits sur un plateau d'argent, sans rien lui demander, sinon d'accomplir des missions qui étaient devenues simple routine pour lui. Il s'en souciait à la manière du gamin dérangé qu'il était.

    Mais pour le moment, James ne pensait pas à tout ça. Il aimait les réflexions abstraites plus que tout, mais abhorrait l'introspection – c'est le petit caillou dans l'engrenage, l'erreur dans l'équation, la faiblesse qui vous pousse à tout remettre en question. On ne conquerrait pas Londres en philosophant, encore moins en s'analysant. Il n'évitait pas de le faire, il n'en voyait simplement pas l'intérêt. Les planètes et les étoiles le fascinaient, elles ; au-dessus des Hommes, au-dessus du Monde, c'est l'infini qui l'intéressait. Les humains, lui y compris, ne l'avaient jamais profondément passionné.

    Il savait que Sebastian l'observait. James leva les yeux de son menu, les posa sur Sebastian qui s'empressa de faire comme si rien n'était. Il était extrêmement doué à ce petit jeu-là, un don probablement hérité de papa le diplomate. Moriarty sourit vaguement, il imaginait la réaction de son vieux géniteur s'il apprenait ce que son fils faisait de ses samedis soirs. Enfin, il n'était peut-être plus là pour s'offusquer de quoi que ce soit. Moriarty etouffa un rire de satisfaction.

    « Tu as une idée de pourquoi je t’ai amené ici ? »

    Le visage de James n'exprimait qu'une immense incompréhension. C'était lui qui tirait les fils, le marionnettiste, il l'avait déjà oublié ? Un peu exaspéré à l'idée de voir encore une fois mettre les choses au clair, Moriarty soupira. Sebastian ne le remarqua pas et continua, atrocement enthousiaste ( il avait beau être un homme charmant, Moran ne souriait pas souvent, et lorsque que cela arrivait, Moriarty savait exactement pourquoi – satisfaction du tueur organisé souvent, ou rictus prédateur en certaines occasions )

    « C’est ton anniversaire, James ! Ne me dis pas que tu avais oublié. »

    Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'un long, lourd silence tombe entre eux comme le lourd rideau écarlate après la représentation. Sauf que, généralement, ce rideau là était suivi d'une slave d'applaudissement – seuls le bruit des conversations voisines meublaient maladroitement le silence.

    « Hé bien… Hm. Joyeux anniversaire, je suppose. Ne cache pas ta joie, surtout »

    James ne fêtait pas son anniversaire ; on ne lui avait jamais fêté correctement et il ne le regrettait pas. On s'offrait des cadeaux avec un grand sourire hypocrite, qu'est-ce qu'on affirmait indirectement ? « Un pas de plus vers la tombe ! » , il ne disait jamais qu'il craignait la mort, mais en réalité, la faucheuse n'était pas une de ses grandes amies ; il ne supportait pas l'idée de mourir comme les autres, ce n'était pas tant l'arrêt cardiaque que l'idée de partager le sort de milliards d'autres humains avant lui qui le révulsait.
    L'anniversaire, c'était aussi le lieu de toutes les mondanités, les « Qu'est-ce tu as changé depuis tes trois ans ! » « Trente ans, il est temps de se marier ! » l'exaspéraient même lorsqu'ils ne le concernaient pas. En outre, il considérait que Sebastian n'avait besoin d'aucun prétexte pour lui offrir des cadeaux – il n'était pas matérialiste, mais si l'envie lui prenait d'investir dans un nouveau Westwood ( un moyen intelligent de rentabiliser ses gains de jeu ) il ne dirait pas non.

    Oui, l'anniversaire, c'est bien la fête ( et encore, n'est-on pas sencé s'amuser à une fête – souffler des bougies et s'empiffrer de gâteau n'était pas exactement sa définition du divertissement ) la plus typiquement humaine.

    « Sebastian, c'est quoi un anniversaire ? On fête le jour de sa naissance, oh combien narcissique et égocentrique. » cracha-t-il.

    C'était peut-être impitoyable et cruel envers Sebastian qui avait pensé au jour de sa venue au monde, mais c'était un service qu'il lui rendait. A l'avenir, il n'aurait pas besoin de pretexte pour payer la note du restaurant.

    « Dis-moi, c'est une excuse pour me rappeler mon âge ? Si c'est le cas sache que ça m'est égal, je suis encore assez jeune pour réfléchir convenablement » ( Il n'envisageait pas de devenir un légume, d'ailleurs, il préférait encore mourir demain ).

    Comme toujours lorsqu'ils se disputaient et qu'il était en tort, il regardait Sebastian droit dans les yeux. Éviter son regard, c'était s'avouer menteur, perdant, faible, lâche.

    « J'ai pas besoin que tu me fêtes mon anniversaire. C'est peut-être ce qui se faisait entre amis à Eton College, mais pas ici. Pas avec moi. »

    Il avait bien envie de le voir énervé, là, tiens.

    « D'ailleurs tu les as jamais revus tes petits amis d'Eton ? »

    James posa le menu à côté de lui, croisa une jambe sous la table et afficha un air de défi enfantin à en crever.
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Sebastian Moran
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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyVen 26 Aoû - 19:35

[color=olive]« J'ai pas besoin que tu me fêtes mon anniversaire. C'est peut-être ce qui se faisait entre amis à Eton College, mais pas ici. Pas avec moi. »


La situation n’avait en soi, rien d’étonnant.


Moriarty, en pur intellectuel, ne se distrayait que par l’esprit. Les petites piques qu’il lui envoyait n’étaient qu’une de ses nombreuses expériences, il en était parfaitement conscient.
Toujours en ébullition, il échafaudait des théories incompréhensibles, s’occupait en essayant d’anticiper les réactions de son interlocuteur, déduisait des centaines de choses d’un froncement de sourcils. Il le décortiquait sans le toucher, son regard noir comme un microscope.
Inutile d’espérer qu’un excellent repas puisse le satisfaire. Le concret, le matériel, le palpable ne l’intéressait absolument pas. L’algèbre et les étoiles, au moins, ça n’était pas salissant. Peut-être qu’il avait l’impression de s’élever au dessus du commun des mortels, en approchant ce que tellement peu pouvaient comprendre.

Moriarty, en pur égoïste, ne comprendrait la signification exacte de son froncement de sourcils.
Il était génial, au sens premier du terme. Le seul architecte du crime parfait, l’homme dont l’empire ne connaissait pas de limite, un tyran sans visage. Il était aussi, fascinant paradoxe, un enfant. Un gosse capricieux et indomptable. Souvent, Sebastian s’était entendu dire qu’il était remplaçable, qu’il devait bien le garder à l’esprit.
Pourtant, personne ne pourrait jamais accomplir son travail. Ou du moins, personne ne l’accomplirait avec la même ferveur, la même application que lui. S’en rendait-il compte ?


Ces deux postulats étant posés, on ne pouvait arriver qu’à la conclusion que nous avons déjà énoncée : rien d’étonnant. Moriarty était ingrat et manipulateur, rien de nouveau. Il prenait sans rien donner, mais il avait eu l’honnêteté de le stipuler dans le contrat. Son patron n’était pas en tort.


Il crispa son poing sous la table : il réalisait qu’il avait plus ou moins inconsciemment espéré une réaction un peu plus équitable, pour une fois, et s’en voulait d’avoir été aussi idiot. Il était submergé par un sentiment de colère incontrôlable qu’il reportait contre lui-même. La situation, se répétait-il comme un mantra, n’avait rien d’injuste. Elle était rationnelle et totalement prévisible.


Il aurait voulu enchaîner sur un sujet plus plaisant, afin d’éviter une introspection qui pourrait faire éclore des vérités redoutées qu’il avait pris soin d’enfouir au plus profond de lui, là où il ne pourrait jamais les trouver. Ni lui, ni personne. Ils auraient pu parler travail, par exemple, ou cinéma. Le premier était un sujet risqué en public, et justement, ça aurait pu être excitant. Ils se seraient délectés à trouver des codes secrets amusants qui auraient indigné n’importe quel quidam à peu près normal. Le second était plus commun, et ils avaient déjà débattu mille fois de Tarantino et Leone, mais il restait plaisant. Ils avaient beaucoup en commun et James adorait imiter ses personnages préférés, notamment Don Corleone (avec un accent Irlandais qui rendait la chose assez étrange, ceci dit).

Oui, ils auraient pu. Peut-être que la suite du repas se serait alors à peu près bien déroulée. James aurait encore essayé de le blesser un peu, ça l’aidait sans doute à bien digérer, et Sebastian aurait mis à profit tout le savoir acquis lors ses cours d’art dramatique pour feindre l’indifférence. Tout aurait été bien.
Jim n’aimait pas la routine. Et il était le spécialiste du ruinage de scénario, le docteur ès not-as-planned.


« D'ailleurs tu les as jamais revus tes petits amis d'Eton ? »

Paf, comme un coup de foudre, au sens propre.

Moran leva les yeux, son visage figé dans une expression de pure stupéfaction, hésitant presque à rire. Il ne lui avait jamais parlé d’Eton, ni de ses « amours » de jeunesse. D’ailleurs, ils mettaient habituellement tous deux un point d’honneur à ignorer la période de leur vie qui précédait leur rencontre.
Les mots « enfance » et « adolescence » faisaient à Moran le même effet qu’un documentaire sur les habitudes alimentaires des gastéropodes d’Europe. En noir et blanc.

Mais Moriarty ne s’était pas seulement contenté d’évoquer le sujet insipide qu’avait été son adolescence. Non. Il avait parlé de ses petits amis.
La perspective de discuter sexualité, et surtout sexualité adolescente, avec Moriarty, au Ritz lui donnait la nausée, sentiment qu’il expliquait par une grande gêne et une épouvante inexplicable.

Il fallait parer. Ca pouvait encore bien se passer. Il jouait. Ne jamais se laisser déstabiliser, même par l’adversaire le plus imprévisible qui soit.

Par miracle, le serveur arriva et il laissa James passer commande. Les quelques secondes où se dernier détacha son regard inquisiteur des yeux de Moran lui laissa le temps de reprendre ses esprits.

Sebastian masqua son embarras par un sourire avenant et dit en soupirant dramatiquement, une fois que le serveur eût tourné les talons :

« Franchement, Jim, tu peux pas apprécier un bon moment ? »

Il retint de justesse un « et est-ce que je te parle de l’Irlande et de ta famille sans doute infectée à la Guiness, moi ? » qui aurait sans doute été fort dommageable.

Il remplit les verres d’eau avant de continuer, jetant un coup d’œil à la fenêtre :

« Il fait calme. C’est agaçant, non ? Je suppose que tu ne vas pas reprendre tout de suite contact avec Holmes… Tu as prévu quelque chose pour moi ? »



Tout irait bien.

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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyDim 28 Aoû - 19:24

Dining at the Ritz you pay the bill - Seb As5w Dining at the Ritz you pay the bill - Seb Morrrr
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    Sebastian ne parlait pas beaucoup de son passé. Il avait beau vouer une loyauté indéfectible à James, il s'arrangeait toujours pour éviter ce sujet précis : changer subitement mais habilement de conversation restait sa technique favorite bien que, selon James, il ne la maîtrisât pas à la perfection. Aussi se posait-il souvent la question : qu'est-ce que Moran avait à cacher ? Sa vie, avant lui, n'était qu'une succession d'évènements banals et sans intérêts – il n'y avait, d'ailleurs, pas accordé plus d'importance que cela lorsqu'il l'avait recruté, son dossier était parfait. - Sebastian était bien le premier à l'avouer. Combien de fois lui avait-il fait comprendre qu'il l'avait sauvé d'un destin fade, misérable, insipide ? Qu'il n'avait aucune idée de la vie qu'il mènerait, si un destin décidément bien ironique ne l'avait pas jeté dans les bras de l'illégalité, de la criminalité exceptionnelle qu'il incarnait. James n'était pas suffisamment orgueilleux pour en retirer une quelconque gloire mais il n'hésitait à le rappeler à son associé lorsqu'il dépassait les bornes de la bienséance. Sachant que «bienséance » a bien des significations chez Moriarty.

    James faisait nochalemment tourner sa cuillère entre ses doigts, les yeux brillants, espiègles, il attendait une réponse qui, il le savait pertinemment, ne viendrait pas. Tant pis, s'il le fallait, il irait la chercher. Lorsque le serveur s'approcha d'eux, Moriarty commanda sans hésiter les deux plats les plus outrageusement chers du menu ( « C'est vraiment ce que vous avez de plus cher ? (sourire éclatant de sincérité) » « Oui, monsieur. » « Evidemment, quand ce n'est pas moi qui paye j'en profite (regard en biais) » )
    L'intrus s'éloigna rapidement sans rien perdre de son parfait maintien et de son imperturbable expression guindée.


    « Franchement, Jim, tu peux pas apprécier un bon moment ? »


    Il le savait, au fond, il savait qu'ils en arriveraient au moment fatidique où sa patience volerait en éclats – avec tout ce que James lui faisait quotidiennement subir, elle en avait bien le droit, la pauvre.
    C'était probablement ce qu'il craignait le plus : ' Sebastian Moran s'exhibe au Ritz : hystérie irraisonnée au Ritz.' ; ' Sebastian Moran perd son légendaire calme – mais comment faisait-il donc pour chasser, des jours durant, le tigre en Sibérie orientale ? '
    Peut-être n'était-il pas assez connu pour faire la une des journaux britanniques, mais il était absolument certain que sa réputation au sein de la haute société londonienne en prendrait un coup. De quoi le charrier en soirée : un régal pour les vautours qui ne rêvent que de voir cet agaçant gentleman chuter dans la fange. James ne voulait pas leur donner de quoi apaiser leurs malsain appétits, mais l'excitation enfantine qu'il ressentait à chaque limite qu'il franchissait était bien trop forte.


    « Il fait calme. C’est agaçant, non ? Je suppose que tu ne vas pas reprendre tout de suite contact avec Holmes… Tu as prévu quelque chose pour moi ? »


    Sebastian remplit les verres brillants d'eau – d'une pureté parfaite, c'en était perturbant – et lui lança un regard éloquent. Eloquent, oui, car il y avait absolument tout dans ce regard. Il y avait la nonchalence ( « il ne s'est rien passé, nous discutions avec calme et courtoisie comme toujours » ), le profond agaçement ( « voilà ce que j'en fais de tes remarques puériles, Jim : je les ignore, comme un adulte. » ), la peur furieuse ( « Eton, mais pourquoi Eton ? Il ne s'est rien passé à Eton ! » ) et, bien enfouit sous une couche de calme calculé, un air de léger dédain, une incitation insolente au défi, un « viens, essaye de m'avoir, mais tu n'y arriveras pas, même toi ! » que James ne pouvait pas ignorer. C'était peut-être même la première chose qu'il avait remarquée – cette lueur unique de fierté et d'assurance.

    Il ne toucha pas à son verre d'eau (il aurait préféré un whisky) et fit tourner sa cuillère de plus belle.

    « Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, Moran. », cracha-t-il sans oublier de sourire, « Tu ne m'en as jamais parlé, d'Eton, il doit bien avoir une raison. »

    James parut hésiter un court instant. Non, il ne pouvait pas dévoiler tout son jeu d'un seul coup, il fallait garder quelques armes de côté, sait-on jamais, il n'avait pas à faire au plus idiot des anciens élèves d'Oxford – loin de là.

    « Et, pour avoir le loisir de t'observer tous les jours et sous toutes les coutures, j'imagine qu'il doit s'agir de ça. Combien de coeur tu as brisés alors ? » (il sourit d'enthousiasme à cette idée) « Quelques petites aventures très masculines que tu as été contraint de cacher à Papa. »

    Le regard de James se durcit légèrement ; il n'exprimait plus que l'ombre de la joie puérile d'autrefois. Il transmettait un « ne me mens pas, ne me mens jamais » très convainquant.

    « Mais ne t'inquiète pas, je n'irais pas lui en parler...Tu as du faire du bon travail : il ne l'as probablement jamais su. Tout juste s'en est-il douté, c'est un homme intelligent j'imagine. Cela dit, il devait se voiler la face, ton très cher Papa. Ce n'est pas comme si ça ne se voyait pas. », il posa la cuillère et se rapprocha de son vis-à-vis, « Qu'est-ce que tu caches d'autre, alors ? »

    L'enfantine espièglerie avait complètement disparu de son visage – mais il souriait toujours, à la manière d'une cruelle petite vipère.

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Sebastian Moran
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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyVen 2 Sep - 22:01

Lorsqu’il était enfant, Sebastian, qui était déjà très téméraire, avait fait une rencontre particulièrement marquante, dans tous les sens du terme.
Alors qu’il se vautrait dans les hautes herbes des montagnes françaises où il passait souvent de longues vacances ennuyeuses ; rampant comme le ferait un soldat se faufilant en territoire ennemi, il tomba nez à nez avec une petite vipère couleur charbon. Pour la plupart des enfants, l’animal venimeux aurait été une raison suffisante pour déguerpir à toutes jambes ou appeler maman à l’aide. Pour Moran, elle était un ennemi. Et il ne fuyait pas devant l’ennemi.
Il avait essayé de l’attraper avec son bâton. Effrayée, elle tenta d’onduler loin de son incommodant visiteur. Déçu de constater que ce qui était dans l’imaginaire collectif un dangereux ennemi était en réalité aussi exaltant qu’une sauterelle, il tenta de saisir le reptile, essayant de maintenir sa gueule entre son pouce et son index.

Il avait réussi, un bref moment, à l’immobiliser. Fier de son exploit, il s’était redressé et avait regardé le reptile droit dans les yeux. C’était une expérience inoubliable, troublante. Son orgueil s’était évanoui en un instant, sans qu’il ne comprenne pourquoi.
La suite, il en portait encore les stigmates, bien qu’elles se soient éclaircies avec le temps.


Parfois, lorsqu’il regardait James dans les yeux, son premier adversaire lui revenait en mémoire. C’était l’immensité de ce regard, perçant comme une aiguille, illisible, fixe. C’était aussi cette même insupportable manière qu’ils avaient de cracher leur venin au moment où l’autre ne pouvait s’y attendre. Mais James, contrairement au petit reptile, ne fuyait pas devant lui. Au contraire, il prenait plaisir à observer la patience de son bras droit se déchirer, brûlant comme une blessure infectée par du venin.


Moriarty continuait de persifler, visiblement content de lui-même et sans doute loin d’arrêter en si bon chemin. Sebastian refusait de baisser les yeux, ce qui aurait été non seulement un geste de soumission tout à fait inapproprié dans ce genre de situation – il n’avait commis aucune faute- mais aussi dangereux. Abattre son jeu avant même que la partie ait débuté, ce n’était pas son style et ce genre de comportement, lâche et faible, déplairait sans doute plus à son challenger que s’il essayait de se battre.

James n’attendait pas de son premier lieutenant qu’il soit un paillasson. Leur relation était bien plus complexe, et ce d’autant plus qu’ils avaient, en plus de leur lien professionnel, une relation amicale, que Moriarty le veuille ou non. La ligne était floue, peu auraient aussi subtilement su doser l’obéissance que son boss exigeait, laquelle devait en outre être habilement conjuguée à la capacité de prendre des initiatives intelligentes, et l’opposition, la répartie et l’esprit, qui le rendaient digne d’intérêt aux yeux de son ami.


Il n’avait miraculeusement jamais franchi la frontière. Néanmoins, il se sentait si oppressé, certains jours, qu’il se demandait se qu’il se passerait, s’il décidait qu’il en avait assez de devoir faire des pointes avec une pile d’assiettes de porcelaine sur la tête.
Est-ce que le petit serpent lui mordrait l’épaule ?


Peut-être qu’il craquerait un jour. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui était la soirée parfaite qu’il avait orchestré. Sa crédibilité était en jeu, c'était un mise qui valait la peine de se battre pour elle. James avait apparemment décidé qu’ils dineraient en enfer ce soir. Et plus il insistait, plus il frappait contre cet immense édifice, solide comme la pierre, qu’était la patience de Moran, plus ce dernier était résolu à ne pas tomber.


Et pourtant, la présente discussion le mettait plus que mal à l’aise. Il se demandait si James lui parlait de ce sujet en pensant l’atteindre directement ou si il essayait de lui faire passer un message, ce qui était encore pire.


Bluff, double bluff, triple bluff. Impossible de tricher avec James.

Moran se doutait bien que son talent aux cartes, doublé d’un don incroyable pour mettre au point des fraudes plus sophistiquées les unes que les autres, ne lui servirait pas contre lui.

Certains joueurs fonctionnent de manière rationnelle, ils essayent de lire les cartes, d’anticiper les coups en devinant le jeu que leur adversaire a en main. Sebastian lit l’homme, pas les cartes. Il épie du coin de l’œil chaque frémissement dans la main, chaque sourire trop crispé pour être détendu et détermine ainsi la situation de l’ennemi, afin d'agir ensuite de la manière la plus pertinente.


Les expressions faciales de Moriarty défilaient aussi rapidement que les images d’un kaléidoscope. Certaines étaient comme un mirage, on n’était jamais sûr de les avoir vraiment vues (et souvent on l'espérait), d’autres laissaient aussi perplexe qu’un Kandinsky ou un Picasso. Leur interprétation était variée et risquée. Elles ne trahissaient absolument pas leur auteur, qui les maîtrisait à volonté. Il n'était pas acteur de métier, il était acteur de vie.


« Qu'est-ce que tu caches d'autre, alors ? »


Moran feignit l’indifférence la plus absolue, arquant un sourcil de manière trop élaborée pour être honnête. Fixant Moriarty droit dans les yeux, il s’efforçait de penser à autre chose, désespérément. Si il se laissait déstabiliser par le terrible Infini de ses yeux, la partie était terminée. Dansait dans son esprit un horrible doute, la crainte qu’il n’ait compris quelque chose que lui-même n’avait pas encore tout à fait saisi à son propre sujet. Et ça arrivait malheureusement assez souvent.


« Ce que je te cache ? », répéta-t-il, une note d’étonnement qui sonnait faux dans sa voix. C’était une méthode bien connue des rhéteurs pour gagner un peu de temps.


Il tenta un sourire amusé, un peu hautain, le même qu’il aurait adressé à une jolie fille qui oserait lui demander une dédicace. Rangeant la cigarette qu’il avait commencé à sortir – foutue législation - il laissa planer un instant de silence avant de dire, un peu lentement, comme s’il expliquait quelque chose d’élémentaire à un enfant un peu bouché :


« James, tu sais bien que je ne te fais pas de mystères. Qu’est-ce que tu voudrais que je te cache ? De toute façon, tu le découvrirais, si cette idée stupide me venait, non ? »


Il redressa la tête, toisant son interlocuteur, un coude appuyé sur le dos de la chaise, les jambes croisées. Personne n’aurait osé se tenir de cette manière au Ritz, même le plus classe des démons. Pourtant, il ne perdait rien de son élégance. Au contraire, il avait le charme de la hardiesse, un côté sauvage et déplacé qui plaisait beaucoup aux dames.
Et il en était conscient. La lueur de.. colère… ? qui illuminait les yeux de Moriarty lorsqu’il jouait à Gatsby ou à Dorian était un vrai délice. Sa petite vengeance. Il se passa la langue sur les lèvres, inconsciemment, avant de briser le silence :


« Aaaah. Je comprends, maintenant. Tu étais inquiet, c’est pour ça... c'était pour ça ce comportement de gamin. Il fallait me le dire, je t’aurais rassuré. Tu doutes de moi, maintenant ? »


Sebastian était passé ceinture noire dans l’art d’insulter James Moriarty indirectement. Ou plutôt de "piquer", taquiner James. L'insulte était la certitude d'un atterrissage direct sur la case mort sans passer par la banque.

Règle d'or : Toujours le faire de manière à pouvoir se retrancher derrière la fameuse défense : « je ne me moquais pas de toi, c’était pour ton bien, je croyais bien faire». A son grand regret, il ne pouvait dispenser son savoir à personne : Moriarty ne se montrait qu’à lui et, même de manière sinueuse, il aurait sans doute jeté aux lions (le côté Tyran Romain lui plaisait sans doute) n’importe quel délinquant de bas étage qui oserait rire de lui.


« Quant à ce que tu as commandé, tu as bien fait de ne pas te censurer pour ton anniversaire. On n’a pas trente ans qu’une fois, après tout. »


Moriarty fêtait ses vingt-neuf ans.
Et Moran le savait parfaitement.

Il ne put empêcher un sourire un peu trop grand de s’étirer sur ses lèvres.
A la guerre comme à la guerre.


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MessageSujet: Re: Dining at the Ritz you pay the bill - Seb   Dining at the Ritz you pay the bill - Seb EmptyDim 25 Sep - 19:22

Dining at the Ritz you pay the bill - Seb Farawayv Dining at the Ritz you pay the bill - Seb Wildi
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    James s'intéressait aux étoiles et détestait les humains. C'était la façon la plus sobre et concise de le décrire, mais aussi la plus précise et juste. Il ne haïssait pas la race humaine à la manière de la plupart des comic-book villains mais il était absolument incapable de lui trouver une qualité. Beaucoup de ses compatriotes psycho/sociopathes se plaisaient à la regarder sombre, grouiller, s'égosiller comme les enfants torturent les fourmis en riant ; il n'en avait jamais compris l'intérêt. Les humains étaient intéressants jusqu'à ce qu'ils deviennent ennuyeux. Ce qui le passionnait, c'était l'inaccessible, ce que personne n'était capable de comprendre : ainsi, le cosmos et les astéroïdes, les trous noirs, la galaxie, l'attiraient naturellement. Sherlock était une étoile parmi d'autres ; un esprit qu'il comprenait mais ne parvenait pas à surpasser. Il lui était alors impossible de le considérer comme un humain. Non, c'était impossible, car il n'avait rien d'un humain. Eux sont brutaux, violents, stupides et prévisibles, à des degrés différents. Les humains ne l'intéressaient pas.

    C'était un fait qu'il avait assimilé depuis longtemps, il n'y réfléchissait même plus. Tant mieux, car s'il y avait réellement songé, il aurait réalisé qu'un humain au moins s'était montré suffisamment imprévisible pour l'approcher.
    En fait, le seul être au monde qui l'avait approché de façon tout à fait désintéressée était un humain. Le seul être à qui il avait accordé sa confiance n'était pas un animal - pourtant très à la mode dans le milieu – ni même un génie à sa hauteur ; c'était un humain, bien trop humain. Oh, évidemment pas un très grand altruiste, mais sensible malgré tout, lorsqu'on sait manier les bonnes armes.

    Ce que James ne savait pas, c'est qu'il ne maniait pas vraiment les bonnes armes. Il avait l'avantage, bien sûr, en sa qualité de sociopathe. Sebastian ressentait des choses qu'il était à peine capable d'imaginer – ou qu'il n'avait pas de mal à réprimer. Mais cette apparente force était aussi une faiblesse. Il blessait Sebastian sans même le vouloir, et à des endroits où il n'avait pas voulu viser, à des moments où il aurait bien voulu l'éviter ; et, à contrario, n'était pas toujours suffisamment à l'aise avec tout ce qui relevait de l'affect' pour 'frapper là où ça fait mal'. Il lui était relativement difficile d'imaginer ce que son Sebastian pouvait ressentir, et il lui arrivait d'être totalement à côté de la plaque.
    Finalement, son ignorance était ce qui faisait le plus de mal à Moran. Lorsqu'il ne voyait pas. Ou faisait semblant de ne pas voir.

    Il ne pouvait pas jouer cette carte-là maintenant. Il voulait varier un peu les attaques, corser le jeu, et il était persuadé, peut-être à raison, qu'il pouvait gagner avec aisance. Sebastian avait beau être un être exceptionnel – il avait des diffcultés à lister ses défauts – il n'en restait pas moins, un humain. Risible, petit, misérable humain esclave de ses rares mais puissantes émotions. Et ce fardeau, lui, s'en était débarrassé depuis des années. Croyait-il.


    « Ce que je te cache ? »


    Sebastian avait arqué un sourcil de façon tout à fait surjouée et artificielle. Il n'avait jamais été un excellent acteur – le Sebastian sociable et charmant qu'il jouait en soirée était une partie Bruce Waynienne de lui, et c'était bien le seul masque qu'il assumait avec aisance. James afficha un vague sourire, mi-victorieux ( ' je sais que tu n'es pas capable de me mentir correctement hihi ' ), mi-anxieux.


    « James, tu sais bien que je ne te fais pas de mystères. Qu’est-ce que tu voudrais que je te cache ? De toute façon, tu le découvrirais, si cette idée stupide me venait, non ? »


    James rit silencieusement et se servit à boire délicatement. On aurait presque pu croire, en observateur objectif, qu'ils avaient une véritable discussion, polie, sérieuse, posée.
    Quand on savait qu'en réalité, c'était tout le contraire et qu'ils devaient tous les deux se contenir pour ne pas se mettre à hurler, à crier ou à se balancer des assiettes à la figure, c'était relativement comique.

    L'attitude faussement décontractée, prétentieuse, hautaine qu'adopta Sebastian titilla encore un peu plus les nerfs fragiles de James. Il lui arrivait que les attitudes de sale gosse de riche de Sebastian ne le touchent pas le moins du monde mais il était présentement de très mauvaise humeur.
    Et ses humeurs étaient aussi fluctuantes qu'elles étaient extrêmes.


    « Aaaah. Je comprends, maintenant. Tu étais inquiet, c’est pour ça... c'était pour ça ce comportement de gamin. Il fallait me le dire, je t’aurais rassuré. Tu doutes de moi, maintenant ? »


    Si James avait eut la télékinésie comme don, il aurait envoyé ses couverts et le totalité de la verrerie du restaurant droit sur Sebastian. La trajectoire du couteau aurait été très aléatoire.

    Il reposa son verre avec calme, pourtant, même si sa main tremblait imperceptiblement. Nul doute que Sebastian devait l'avoir remarqué ; son sens aigu de l'observation était une des qualités qui faisaient de lui un tireur hors pair. Mais ce n'était plus suffisant pour implorer grâce à James ; l'empereur était d'humeur impitoyable, et enfin, puisque c'était lui et lui seul qui avait provoqué sa colère divine, il devait le savoir et s'être préparé aux conséquences.


    « Sebastian, je crois que je ne me suis pas bien fait comprendre. »


    La froideur que dégageait sa voix était presque surréelle. Il ne s'énervait jamais en public – il ne faisait jamais rien de remarquable en public, d'ailleurs, il ne se montrait presque jamais en public. S'ils avaient été à l'intérieur, à l'abri des regards, cela ferait probablement longtemps qu'ils se seraient jeté sur lui ; leurs disputes avaient quelque chose d'extrêmement enfantin lorsque personne n'était là pour les voir, et elles finissaient généralement en queue de poisson.

    Mais là, il n'avait rien à lui lancer – ou plutôt, il ne pouvait rien lui faire. Les règles du jeu avaient changé et, à sa plus grande surprise, il détestait ça. Parce que dehors, les autres, c'est le domaine de Sebastian.

    Il était tenace, cependant.


    « Tu te souviens du jour où je t'ai engagé – note que c'est moi qui t'ai engagé, pas toi qui est venu à moi. Tu as été choisi, parce que je t'ai remarqué. Parce que j'ai compris que tu avais du potentiel, Sebastian. »


    Il se pencha légèrement sur la table de façon à se rapprocher du visage de Sebastian.


    « Ne me fais pas regretter ce choix-là. Tu sais que tu ne serais nulle part si je n'avais pas été là. Tu ne serais rien, tu n'étais personne. »


    James plongea ses yeux sombres dans les siens un instant, comme s'il voulait y imprimer chacun de ses mots.


    « Tu n'as pas le droit de me parler de cette façon. Si tu es là et que tu as quelque chose à faire de ta vie, c'est grâce à moi. »


    Il avait craché ces derniers mots, violemment, dans l'espoir de le blesser le plus possible.


    « Et ne me mens plus jamais. Tu crois que je ne sais rien de toi ? Tu n'es pas intouchable Sebastian, tes petits amis d'Eton, c'est une infime partie de tout ce que je sais. »


    Un dernier coup de poignard.
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