Quand bien même on le souhaiterait, difficile d'ignorer Marcus lorsqu'il passe dans la rue. Avec un mètre quatre vingt seize de haut il dépasse régulièrement les gens et sa carrure n'est pas sans impressionner, sans compter qu'il dépasse les cent kilos. On le voit sans mal, l'homme prend soin de son corps par de nombreux exercices et sans être un fanatique de musculation il est parfaitement développé sans en arriver à des allures de « baudruche ». Son buste entier est puissant, sculpté mais il n'en joue jamais, pas fier et lorsqu'on le croise on ne ressent qu'une force tranquille qu'il faudra cependant, éviter de provoquer. Ses mains sont larges, légèrement calleuses, loin d'être bichonnées car il est homme d'action avant tout et il n'est pas rare qu'il les blesse. Peut-être évoquera-t-il à de prime abord un terminator, une masse juste bonne à cogner mais voilà qu'il sourit et on oubli l'idée du barbare sans coeur.

S'il a ces airs de mafioso, de « méchant » sorti d'un film de gangster on le trouvera d'avantage séduisant après un sourire. Il a alors cette expression chaleureuse, rayonnante venue des îles et si on prend le temps d'écouter sa voix profonde, on y découvre un certain exotisme. Sa peau éternellement hâlée laisse sans mal imaginer qu'il n'est pas originaire d'Angleterre, de même que les divers tatouages qu'il possède et plus particulièrement celui qu'il porte au bras réalisé à Hawaï. Notons qu'il garde les cheveux assez longs pour qu'ils lui caressent les épaules, ceux-ci variant d'un noir intense au chocolat noir selon les saisons. Soigneusement rasé, il lui arrive de garder le bouc pendant quelques jours ou une barbe naissante juste pour changer un peu. Vous remarquerez vite son regard clair, franc, ces yeux vert mordoré pouvant aussi bien paralyser de peur qu'inviter à la confession. On verra également plusieurs cicatrices, ces blessures de guerre comme il les nomme ; une au sourcil, une autre sur la joue, un au front et quelques autres dispersées sur son corps. Rien de terrible ou de disgracieux pour tout dire …

Question tenue monsieur aime être présentable et il n'a pas tellement le choix … la voix d'une femme lorsqu'il est question d'apparence est particulièrement cassante. Ce n'est pas sa fille qui s'en plaindra, son père a la class au moins et l'adolescente trouve toujours moyen de l'accompagner lorsqu'il est question de shoping … Du fait, il porte aussi bien le costume que l'uniforme ou le casual. Dans son travail il opte pour les jeans, les débardeurs ou t-shirt ajustés le tout accompagné d'une de ses vestes en cuir. Pas amateur de couleur flashy il s'autorise quelque fois du rouge, mais rester dans le sobre est encore ce qui lui plait le plus.

Marcus a des manières. Un homme sincère, avec des valeurs et du respect. Élevé dans une famille aimante et ouverte jamais il ne lui viendrait à l'idée de rabaisser ou d'humilier. Ainé de trois soeurs, il a rapidement comprit le sens du mot responsabilité. Veillant aux grain sur ses cadettes, il a toujours eut à coeur de leur faire plaisir et de les protéger, jamais macho ou tyrannique.
Il est de ces gens auxquels on peut tout dire, large d'esprit et sans vrais tabous tant que les choses restent correctes. Il voit tellement de déviances dans son métier qu'il a finit par fixer les limites de la décence quand il s'agit de discuter …

Mais autant le dire ; avec Marcus on est loin de l'homme idéal. En amour en tout cas. Trop attaché à son métier il a fait le malheur de sa femme malgré lui, ne remarquant que trop tard l'adultère dont il était plus la raison que la victime. Aussi se tient-il éloigné de toute relation sérieuse depuis des années, faisant la joie de la dernière femme de sa vie : sa fille. S'il séduit, cette rencontre ne survivra guère plus d'une nuit et elle ne passera pas la porte de chez lui. Oh Marcus n'en deviendra pas goujat pour autant, mais il ne prend aucun gant pour rappeler qu'il n'est pas un coeur à prendre.

Rationnel, il n'est pas du genre à paniquer et fera toujours en sorte de trouver une solution dans n'importe quelle situation. Un trait de caractère faisant qu'il a tendance à dédramatiser même pour les autres. S'épancher sur son épaule est relativement déconseillé. Il vous réconfortera oui ; mais à sa manière et elle ne plait pas à tout le monde … On s'attend à un geste, un mot emprunt d'empathie mais en cela, Marcus est maladroit. Plus adepte du « Quand on touche le fond on peut juste remonter ; fonce ! » plutôt que du « ça va aller t'en fais pas le pire est passé ». Pourtant il est loin d'être insensible et s'il verse rarement une larme, c'est parce qu'il tient à donner de lui une image d'homme sur lequel on peut compter. Car oui, il se mettrait en quatre pour les gens qu'il affectionne et tendre une main secourable fait bel et bien parti de son caractère. Il a par exemple, ouvert sa porte en pleine nuit et sacrifié ses maigres heures de sommeil pour venir en aide à quelqu'un et ce plus d'une fois.

Loin d'être stupide le beau brun est un fin profiler, un bon psy également. On lui reprochera volontiers une approche trop rude, sa franchise parfois cassante où des questions posées de façon impassible mais en contrepartie, on saluera ses interrogatoires où il demeure inébranlable ou encore ses mots qui tôt ou tard toucheront au but. Marcus ne juge pas, il ne dénigre pas même les plus fous, les plus affreux prédateurs et parce qu'il en témoigne, il inspire le respect.

Étrangement Marcus plait aux jeunes qu'il met en confiance malgré une stature imposante. Lui même n'est pas sans apprécier leur compagnie, les enfants entretiennent la jeunesse de l'âme après tout. Vivre avec sa fille lui a donné plus de patience que ce qu'il possédait par le passé ; mais le naturel revient de temps à autre au galop rappelant bien que le profiler n'a pas vécu entouré de bisounours. Car oui l'homme est capable de violence, de colère aussi et il a par la suite un mal fou à se détendre, sur la défensive et prompt à bondir toutes griffes dehors tel un fauve. Personne n'aime le voir ainsi, mais rassurez vous, il en faut beaucoup pour le pousser si loin dans ses retranchements.

Dans le boulot c'est simple ; on aime ou on aime pas, voir on en a peur.
C'est un accroc, capable de gueuler de manière peu fleurie si le travail traine ou s'il voit les autres se ramollir surtout s'il est sur une affaire où le temps joue contre eux. Cela étant ; ses supérieurs ne trouvent pas grand chose à dire aux vues des résultats ; oui ses méthodes sont quelques fois musclées et on voudrait bien lui tirer l'oreille mais il donne tant de lui même, il s'acharne et ne lésine pas sur les heures supplémentaires … du coup on le laisse faire pourvu qu'il ne commette pas d'impers mettant le service en mauvaise posture.

Attention monsieur Kalani, les patrons vous ont à l'oeil !

Kendra Kalani : Sa fille, une ado de bientôt quinze ans. Oh Marcus l'aime sa princesse. Une fille intelligente et vive d'esprit ; un visage d'ange comme sa mère mais qui n'a pas la langue dans sa poche. Comment cela elle tient ça de lui ? N'importe quoi ! Kendra est mature, les deux pieds sur terre et c'est bien pour cette raison qu'elle a comprit les absences de son père à la maison, très reconnaissante car elle sait que jamais il ne l'a abandonné et qu'il a travaillé dur pour lui offrir le meilleur possible. Il y a bien des fois où le ton monte, mais dans l'ensemble père et fille s'entendent très bien.

Grace Kalani : Son ex-femme. Il n'est pas fier ; pour sûr il aurait aimé une histoire sans fin pour eux, il aimerait la serrer encore contre lui lorsqu'il passe la porte de sa maison mais tout cela appartient bien au passé. Oh il pourrait lui en vouloir, mais Marcus en est incapable … tout ça était bien sa faute et la trahison de la belle lui rappelle comme il n'a pas été à la hauteur de son mariage. S'il l'aime encore ? Sa tête dit non … son coeur hurle oui.

Le boulot : Hm il ne sait pas encore dire avec certitude s'il peut compter sur quelqu'un en particulier. Après tout il n'a intégré les lieux que depuis un an et s'il a noué quelques relations Marcus a conscience que certains le considèrent toujours comme un « nouveau » … dur de s'intégrer pour de bon dans une équipe mais il ne désespère pas et fait ses preuves. Les boss ? Ils n'ont pas l'air mécontents de lui … n'est-ce pas ?

Marcus a vu le jour sous le soleil de Floride, d'un père Hawaïen et d'une mère Anglaise. Lui enseignait la plongée, elle était professeure d'Anglais. Très soudée, la famille Kalani flirte entre des traditions et des cultures bien différentes ; les faisant voyager à chaque occasions entre les terres d'origines des parents sans pour autant oublier de vivre en bons citoyens de l'état de Américain.

Fils ainé, grand frère protecteur et dévoué, la famille plaça rapidement en ce solide garçon de grands espoirs. Marcus était un enfant intrépide toujours en action, n'hésitant jamais à défendre l'opprimé, plus à l'aise dans le rôle du gendarme que dans celui du voleur. Il aidait tout le monde, tout le temps et se montrait particulièrement impitoyable envers la méchanceté gratuite. Ses poings avaient déjà donné de belles corrections lorsqu'il décida de s'impliquer d'avantage en cours sous l'oeil bienveillant de sa mère. On se rendit alors compte qu'il était loin du chat sauvage qu'on prétendait ; capable de concentration et de réflexion et lorsqu'il débarqua un soir en criant « plus tard je serai flic ! » personne ne songea à rire ou à protester ; Marcus avait trouvé un but et de l'avis de son père, c'était une chose merveilleuse.
Mais le temps passa et au moment de décider Marcus se revoit encore méditer sur ses ambitions. Être simplement flic ? C'était une bonne vocation, un métier respectable mais quelque chose manquait, lui laissait cet arrière goût amer sur la langue. Il ne se voyait pas coller des pv sur les pares-brise rutilants des voitures, il ne s'imaginait pas faire la circulation, interpeller un gamin volant pour sa dose de coke, une prostituée gagnant sa vie comme elle pouvait non ; non pas de ça ! Son choix se porte finalement sur la psychologie criminelle ; un sujet large et passionnant. Ainsi poursuit-il ses études dans ce sens, assidu.

La jeunesse n'est pas forcément simple et en Floride, et lorsqu'il ne tenait pas tête aux voyous Marcus se heurtait à la vanité, la richesse mais aussi aux paroles d'autres étudiants. Qu'on l'insulte n'était pas forcément un problème mais évoquer sa famille, leurs origines avec mépris … cela revenait à cracher sur tout ce qu'ils étaient. Et il en a distribué des coups sous l'effet de la colère, il s'est forgé en s'imposant ; faisant bien comprendre qu'il ne renoncerait jamais. Et il la rencontra, ils avaient vingt ans …
Grace, cette fille aux cheveux blonds comme un rayon de lune, aux grands yeux teinte mercure. Elle était jolie, tendre ; et il l'aima comme on aime une seule fois. Elle voulait devenir psychologue pour enfants, la même base d'étude que lui mais des débouchées différentes. Une idylle magnifique, parce qu'ensemble tout leur semblait plus facile, plus beau. Ils avaient des rêves, ils s'aimaient … qu'il était doux ce temps là …

Mais deux ans plus tard la nouvelle tombe, Grace est enceinte malgré toutes leurs précautions et pour les parents de la jeune femme -trop fervents catholiques- cet enfant conçu hors mariage est un fait inadmissible ! Ultimatum ; abandonner le bébé à sa naissance ou se voir reniée. Elle choisira la seconde option et trouva refuge chez les Kalani près de Marcus qui n'aura de cesse de l'épauler. Ils étaient jeunes peut-être, mais pas idiots ou immatures au point d'ignorer que c'était le fruit de leur amour qui viendrait au monde dans plusieurs mois.

* * *

« Papaaa ! Papa viens jouer ! Papaaa ! »

Joli refrain non ?
Difficile de concilier la famille et les études ; Marcus devait bien le reconnaître. Ses parents l'aidaient beaucoup et gardaient la petite fille lorsque ils suivaient les cours. Il fallait bien accorder du temps à cette tête blonde, et pour tout dire elle faisait parfaitement comprendre à ses géniteurs qu'ils devaient lâcher leurs cahiers. Grace était une mère merveilleuse, douce, dévoué quant à Marcus il avait trouvé ses marques sans se forcer. Les promenades, les jeux, il s'y pliait avec une telle joie et lorsque venait le temps de dormir c'était sa voix qui berçait Kendra de chants venus d'ailleurs …

Marcus travailla à Miami une fois ses qualifications en poche. Il était doué ; les sciences du comportements, la psychologie criminelle, c'était ça son domaine. Un profiler sur lequel on pouvait compter mais voilà ; il était trop fonceur. Sa « grande gueule » lui attira les foudres des uns, les remontrances des autres et il fallut tempérer ses ardeurs, son envie de bien faire. Autant dire que ses début ne se firent pas sans heurts mais pas question de baisser les bras ; il avait un but et plus encore : il s'était engagé à sauver des vies et à rendre justice en mettant les criminels à l'ombre.

* * *

« Maman ! Il rentre quand papa ? »
« Je ne sais pas ... »

Leur fille a dix ans lorsque le mariage bat de l'aile. Grace ne supporte plus les absences de son homme, ces journées en famille sacrifiées à cause d'un coup de fil. Ce travail bouffe leur intimité, leur relation mais ça, Marcus ne le remarque pas. Pour lui c'est normal, il fait ce qu'il a toujours fait mais avec plus de responsabilités au fur et à mesure que le temps passe. Et parce qu'il n'est pas de nature dépressive il dédramatisa avec le sourire, disant que la prochaine fois serait différente.

Il ne pensait pas qu'elle en arriverait là ; le tromper. Elle ne prenait pas la peine de vraiment se cacher, et lorsqu'il tomba sur une preuve évidente ce fut comme un coup en pleine figure. Il n'était pourtant pas si mauvais, peu présent d'accord mais il prenait soin d'elle et de Kendra lorsqu'il était à la maison alors pourquoi ?

« Tu ne comprends rien ! » Avait-elle hurlé, en larme durant leur dispute.
« J'avoue ! Je comprends pas que tu me trompes ! »
« Tu es marié à ton boulot Marcus ! J'ai l'impression de n'être plus qu'une maitresse que tu prends le temps de voir quand tu y penses ; on a plus de vie ensemble ; je n'en peux plus ! »
« Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Je bosse Grace ; c'est pas comme si j'allais trainer en boite ou que je ne faisais rien de ma vie. »
« Tu es un vrai con ! »
« En attendant je ne suis pas adultère moi. »

Une porte de chambre claquée ; une histoire achevée. Il ne chercha pas à la retenir lorsqu'elle quitta les lieux ; il n'en avait pas le droit … Marcus conserva la garde de leur fille, l'élevant en père célibataire. Pas que Grace oublia son rôle, mais leur enfant refusa farouchement de soutenir la jeune femme. Selon Kendra son père était trop dévoué, trop méritant pour subir une telle trahison.

* * *

Il quitte Miami pour Londres par besoin de changer d'air. Il connait bien l'Angleterre où il a passé de nombreuses vacances dans la famille maternelle. Son CV est largement suffisant pour intégrer le Yard en tant que profiler et si ses méthodes trop « américaines » manquent quelques fois de délicatesse il a à coeur de s'améliorer et de s'imprégner au fil des mois du fameux « flegme britannique ». Marcus garde confiance et espère qu'un jour on oubliera d'où il vient, qu'on passera outre ses allures de casseurs pour ne retenir que l'homme plein d'honneur qu'il est véritablement. Il est bien loin de chez lui ; parfois nostalgique du beau temps et de sa famille mais c'est une épreuve qu'il s'impose de voir autre chose, de découvrir d'autres visages mais aussi, de perfectionner ses connaissances en matière de psychologie criminelle …

Profiler un jour ; profiler toujours ...