Pari perdu... [Vicky Grant]

Une journée comme toutes les autres ? Oui...et non. Si Lestrade s'était réveillé ce matin là comme tous les autres, ce qui se passa au bureau était loin d'arriver souvent et surtout, il veillerait à ce que ça n'arrive plus jamais. Curieux ? En fait, en arrivant au bureau, Lestrade avait osé faire un pari avec son agent le plus dérangeant. Il s'était dit que s'il gagnait, ce dont il était certain au début, et bien ce gamin serait rapidement remis à sa place et tout pourrait redevenir normal. Malheureusement, il avait mal jugé le gamin et il s'était avéré qu'il était autant capable de cruauté et d'astuces que lui-même. Ce qui s'était terminé dans une situation légèrement inconfortable pour Lestrade et dans sa conséquence: allé chercher les croissants pour tous ses collègues de son bureau. Il n'était pas au plus haut de sa hiérarchie, mais habituellement, il n'avait pas le rang de celui à qui l'on demandait d'aller chercher les cafés et les croissants. Alors devoir le faire après avoir perdu un pari...c'était pire. Surtout si l'on perdait face à Ben Tippin.

Pourtant, c'était avec une certaine maturité qu'il accepta sa punition. Ça lui apprendrait à parier de toute façon. Depuis quand se permettait-il de faire ce genre d'activité totalement enfantine ? Avec son gamin de service qui plus est ? Attrapant son manteau, il sortit du Yard, direction boulangerie. Pourtant, il n'y entra pas. Il en avait marre des croissants de cette rue. C'était ce qu'il mangeait depuis son entrée au Yard. Ainsi donc continua-t-il à marcher. Combien de temps était-il resté dehors ? Il n'en avait franchement aucune idée, mais ses pas l'avaient amené à un salon de thé qui lui semblait intéressant. Se décidant d'entrer, il franchit la porte, se disant qu'il n'avait rien à perdre.

L'endroit était charmant et accueillant, ce qui décida rapidement à Lestrade de rester un peu ou même de revenir plus tard. Pour le moment, sa mission consistait à ramener de la nourriture à ses fichus poussins. Il se dirigea donc vers le comptoir, seul réel endroit où on pourrait l'aider dans sa propre recherche.

« Bonjour. »

Il avait un sourire poli collé au visage, ni feint, ni forcé. Il réussissait à sourire de plus en plus. Évidemment, ce n'était jamais réellement facile, mais il savait que ça finirait par mieux aller. Il n'était qu'humain après tout.

« Je me demandais s'il était possible de passer de grosses commandes dans votre établissement ? »

Oui parce qu'il n'était pas venu pour lui tout seul. Il devait nourrir au moins 20 personnes et même si un salon de thé n'était pas toujours le meilleur endroit, il s'était dit que peut-être celui-là avait plus de pâtisserie que les autres. Il devait avouer ne pas y avoir fait attention...tant pis. Il était là, il avait demander, que pouvait-il arriver de pire qu'un non ?

Un matin ordinaire ; simple pour faire suite à une nuit qui elle, l'a moins été. En lavant cette tasse, les yeux fixés sur l'eau savonneuse elle se souvient comme tout cela était digne d'un mauvais feuilleton. Un cambrioleur, une femme seule ; il voulait la caisse mais c'était bien hors de question. Le chien aurait certainement suffit à éloigner cet imbécile s'il n'avait pas été dans l'appartement ; dire qu'elle doit le bon état de la boutique à un client … un criminel châtiant la racaille. Mais que fait la police hein ? Ce qui est sûr, c'est que le type ne remettra pas les pieds ici dans l'idée de voler …

Mieux vaut en rire ; aucun dommage n'est à déplorer de surcroit. Un matinée toute simple donc, avec les habituels clients. Des employés de bureau, des mères avec leurs enfants venues chercher une viennoiserie avant l'école. Parlant d'enfants, Vicky se retourne lorsqu'une petite main tire sur son tablier, réclamant son attention. La petite n'a guère plus de deux ans, les cheveux blonds surmontés d'une couette et sa peluche serrée contre elle. Ses grands yeux sont presque suppliants, et la jeune femme comprend sans mal qu'elle souhaite sans doute quelque chose de précis. Alors elle lui tend la main, laissant l'enfant la prendre et celle-ci guide jusqu'à la vitrine où sont disposées les sucreries en tout genre. Oh elle n'est pas forcément attachées à ces petite bouilles innocentes, elle n'a même jamais pensé à en concevoir mais enfin ; les gosses sont justement bien trop naïfs pour le comprendre alors pourquoi ne pas céder un peu ?

« Kate voyons ! Oh pardon je suis désolée ; elle n'aime tellement pas attendre ... » S'empresse d'expliquer la jeune mère aux prises avec ses différents sacs. « Hm ; je vais prendre deux brioches aux sucres elles ont vraiment l'air bonnes ! Nous pouvons nous installer là ? »
« Elle n'a rien fait de mal ne vous souciez pas. » La rassure Vicky. « Je vous apporte ça tout de suite. »

La petite babille timidement, réclamant un chocolat chaud. Demande que sa mère ne refuse pas et elle ajoute deux boissons à sa commande avant de rejoindre sa table. C'est un peu triste quand on y pense … Parce que cela crève les yeux qu'il n'y a pas de père dans cette petite famille, qu'elles sont toutes seules dans leur malheur. Cette fille est pourtant bien jeune encore pour faire une éducation en solitaire. Les aléas de la vie …

Tandis qu'elle achève la préparation des chocolats, Vicky lève les yeux pour accueillir un nouvel arrivant. Un homme bien de sa personne, le sourire agréablement sincère et courtois -chose se faisant relativement rare- ; et elle y répond de la façon la plus honnête possible. De grosses commandes dit-il ?

« Et bien oui, dans la mesure du possible. Il vous faut quelque chose de particulier ? »

Il est bien évident que selon la demande il faudra peut-être un peu de temps pour préparer le tout. Mais sa réserve ne manque de rien pas plus que la cuisine attenante où s'affaire son jeune boulanger depuis l'aube. Une chance que l'endroit ait été prévu pour cela par le passé.
Certes les lieux ne sont pas immenses mais ils fonctionnent assez pour permettre un certain débit, ceci offrant du choix et de belles quantités dans la marchandise. Ne reste qu'à savoir ce que désire le client.

Spoiler:

Il ne savait toujours pas s'il devait se sentir humilié. Il allait même chercher le tout pour des officiers en-dessous de son grade. Pourtant il était bon joueur, après tout n'était-il pas sortit pour marcher une vingtaine de minute simplement pour aller dans un salon de thé ? D'ailleurs n'aurait-il pas pu s'arrêter à la boulangerie à cinq minutes de son bureau ? Oh pourquoi faire simple quand on s'appelle Lestrade hein ? Il allait faire payer à son gamin cette victoire impossible.

La jeune femme lui répondit. Elle était charmante et lui semblait affable. Enfin une personne travaillant dans le public qui savait que pour avoir des clients, il fallait sourire un peu ou du moins avoir un regard avenant. Évidemment, il n'était pas de ceux qui jugeaient aussi facilement, mais c'était toujours agréable de se faire servir avec un certain respect.

« J'aurais besoin d'une quarantaine de croissants. Quoique si vous avez plus sucré ce serait tout aussi bien. »

Il eu un léger sourire d'excuses, comme s'il pouvait rattraper par un sourire le fait qu'il avait été envoyé pour dérangé le service habituel des travailleurs honnêtes. Il se tenait bien droit devant le comptoir, semblait aussi à l'aise que mal à l'aise. Il regarda autour de lui. Décidément c'était un endroit où il reviendrait certainement. Il y faisait bon, l'ambiance était attachante et surtout c'était calme. Mieux que les cafés ou autre boulangeries qu'il pouvait trouver. Il enfonça ses mains dans ses poches, légèrement songeur, puis revint à sa première occupation: parler avec celle qui le servait.

« Si vous aviez un thé à me recommander pour les longs chiffres pénibles je ne dirais pas non non plus. »

Qu'il ajouta avec un léger soupçon d'humour. Pour le café, les autres se servirait à même la machine du bureau, aussi dégoutant que soit ce breuvage, ils étaient capables de se servir eux-mêmes. Il y avait des limites à l'utilisation d'un Inspecteur comme esclave. Il pensait déjà à ce qu'il pourrait réservé à Tippin comme torture alors qu'il attendait patiemment une réponse à ses deux requêtes. Il savait qu'il en demandait quand même beaucoup et n'aurait aucun problème à aller voir ailleurs. Sauf pour le thé. Ça il y tenait. Et puis il dégusterait le breuvage ici. Les autres allaient attendre, pas son problème.