Sherlock 21st Century
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Partagez | 
 

 [Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances...

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
G. Lestrade
Scotland Yard | Georges Clooney, what else?
Scotland Yard | Georges Clooney, what else?
G. Lestrade

•Messages : 129
•Arrivé(e) le... : 29/01/2011
•Fiche : [url=LIEN DE LA FICHE]BLAH[/url]
•Thème : [url=LIEN]BLAH[/url]

ID.
☂ Profession: Inspecteur
☂ Casier Judiciaire:
☂ Rumeurs:

[Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances... _
MessageSujet: [Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances...   [Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances... EmptyMar 6 Sep - 5:20

Spoiler:

Death leaves a heartache no one can heal, love leaves a memory no one can steal.
~From a headstone in Ireland

[Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances... Rows-of-burning-candles-in-a-dim-church

Il faisait froid dans la morgue.

Cette constatation fut faite plusieurs heures plus tôt. Le matin même. Il s'agissait alors de la première journée où il avait finalement accepté de reprendre contact avec le Yard, où il avait accepté de retourner sur le terrain, passant l'étape de la paperasse car il ne souhaitait pas perdre son temps. Il avait donc, peu avant l'aube, été brutalement réveillé par la sonnerie de son téléphone personnel. Ces appels étant devenus peu accoutumant depuis la mort de sa femme, il sursauta lorsque ça sonna, puis répondit avec une certaine maladresse, manquant d'échapper l'appareil sur le sol, comme s'il avait été brûlant. Il ne put alors qu'écouter patiemment. Un homme. Retrouvé mort. Besoin de lui. Sally et Anderson déjà sur place. Sa propre réponse se fit attendre, il lui fut demandé s'il était réellement prêt. Oui. Il avait raccroché. Il prit une grande inspiration, toujours à moitié couché dans son lit. Il s'agissait-là du premier mort depuis...depuis qu'Emily était partie. Il aurait aimé qu'elle l'ait quitté, bagages pliés, bague lancée au visage, paroles acérées contre l'âme, ça il aurait pu encaisser. Mais non. Elle était partie. Loin, trop loin. Inaccessible. Même pour un homme aussi solide que lui, qui en avait vu pas mal, c'était une passe, une vérité difficile à accepter. Alors que dans son métier éviter à une énième victime de mourir en traquant, piégeant et enfermant le meurtrier était somme toute simple, éviter à sa femme de mourir alors qu'aucun des deux ne s'y attendaient, c'était complètement impossible. La mort avait surpris et détruit le mari et les parents de la défunte.

Yard, Yard, Yard. Pas Émily. Yard. Penser au boulot. Rien de plus, rien de moins. S'étant redressé machinalement dans son lit et ayant passé une main contre son visage, des grattements sous ses doigts lui avaient fait rappelé à sa mémoire la présence de plus en plus envahissante d'une barbe à son premier mois de liberté. Il lui fallait se raser. Il s'agissait de la première conclusion à laquelle il était parvenu lorsque ses pieds touchèrent sol. Il s'était alors soulevé de son mieux, puis dirigé vers la salle de bain. Douche, rasage, s'habiller. Routine qui n'était pas trop complexe pour qu'il puisse la reprendre, même s'il avait une certaine parenté avec les zombis tant son regard semblait éteint, tant son énergie semblait inexistante. Il passa un coup de peigne machinal, habitué dans ses cheveux grisonnants, puis passa devant la cuisine sans la regarder. Son estomac, trop fragile pour le moment, n'aurait guère accepté de corps étrangers en son sein. Il valait mieux du moins ne pas s'y risquer pour le moment. Quittant donc sa maison avec un certain soulagement implicite, il prit la direction de la scène du crime. Rejoindre son équipe. Ceux qu'il n'avait pas vu depuis un mois et ceux qui ne reconnaîtrait probablement pas leur supérieur tant les semaines passées avaient laissé leurs marques. Il semblait plus vieux, plus maigre, mois enjoué. Un train lui était passé sur le corps. Le train de la vie – ou de la mort.

Leurs regards à son arrivée le mit mal à l'aise, presque en colère. Pas. De. Pitié. Pas. De. Compréhension. Il venait pour le travail, non pour les condoléances. Il avait enduré cette condescendance masquée après la mort de sa femme, aux funérailles et encore pendant plusieurs jours par la suite. C'était assez. Il n'en pouvait plus.

Peut-être se montrait-il simplement injuste, ils s'inquiétaient pour lui, pour sa santé, ses nerfs, ses émotions. Il n'en demandait pourtant rien. Il préférait rester seul dans sa douleur. Comme si sa vie privée, comme si l'image d'Emily ne pouvait rester que s'il la gardait pour lui. Secrète. Enfouie. Ne la divulguant pas. En lui à jamais.


Est-ce qu'il allait bien le supérieur ? Oui, oui Sally, oui Anderson. Est-ce qu'il avait bien récupéré ? De quoi ? Du deuil. Non, non, cette ombre ne part pas si facilement, vous ronge jusqu'à la fin de votre vie, vous assiège, vous fait ramper, vous brise, mais répondons autrement: oui, oui, tout va bien, je m'en remet. Doucement. C'est triste, mais ce n'est qu'un deuil hein et le travail n'attend pas. Il s'accumule le chien, il se fiche de vos sentiments. La Terre continue de tourner même quand votre monde s'écroule.

Un petit sourire pour eux malgré tout. Grimace ou rictus ? Sally qui prend son air un peu maternel, un peu protecteur. Lui-même lança un regard entendu, catégorique, ferme. Il n'est plus un enfant. Il n'est pas fragile et un corps mort attend son attention derrière. Allez les jeunes, laissez-moi passer. Laissez-moi débattre avec la mort. Laissez-moi sentir l'adrénaline et le dégoût. La mort et la pourriture. Laissez-moi l'oublier le temps d'une enquête...

Ça avait été difficile, mais lorsqu'il réussit finalement à être laissé tranquille, il s'était avancé vers le corps. Un haut-le-cœur l'avait brutalement empoigné, suivit rapidement d'un vertige l'ayant quasiment fait vaciller. La main de Sally s'était alors posée sur son épaule, mais il l'avait doucement repoussée. Il allait bien. Il s'agissait simplement de....l'hésitation du moment tiens...oui...pourquoi pas ? La femme étendue par terre reprit rapidement les réels traits de l'homme mort qu'il y avait certainement avant qu'il n'ait posé les yeux dessus. Un moment de panique. Un moment d'inattention. Voilà tout. Il frissonna. Mode Inspecteur. Mode inébranlable. Il n'était plus aussi robotique, aussi automatique qu'avant. Il lui fallait pourtant reprendre son sang froid afin d'analyser correctement le corps devant lui.

Début ou fin trentaine. Masculin bien entendu. Un peu négligé. Il doutait que ce soit un fonctionnaire. Éventré. Un détail qui ne pouvait que sauter aux yeux. Agressant même. Coupure un peu fouillis, mais il n'était pas l'expert. Le médecin à la morgue le lui dirait, analyserait le tout beaucoup plus en profondeur. Lestrade se redressa avec lenteur, l'estomac serré; il avait bien fait de ne rien manger...

Une légère pause. Un léger moment de flottement.


« -Détails ? »

« Andrew Steffersons, endetté, fonctionnaire. Apparemment un deal qui s'est mal terminé, mais nous n'en savons pas plus. Quelques témoins, certains assez fiables, d'autres pas du tout. »

« -Pistes ? »

« Aucune pour le moment, mais on y travaille. »

Il avait hoché la tête distraitement. Son regard avait parcourut ce qu'il pouvait alors voir de Glasshill Street. Ce n'était pas un des meilleurs quartiers et ce détail le faisait se demander s'il trouverait réellement quelque chose qui vaille la peine d'être soulever. Obscur endroit pour un combat, pour mourir. Y avait-t-il réellement une bonne façon de quitter la vie ? Son regard était retombé sur le cadavre et il en était resté figé pendant plusieurs minutes sans qu'un seul mouvement ne soit esquissé. Il avait été glacé par ce qu'il voyait, mais ses deux subordonnés n'avaient vu là qu'une intense réflexion. Tant mieux pour eux, tant mieux pour lui.

Le cadavre avait un regard vide, quasiment surpris. Comme si l'attaque l'avait surpris. Son teint cadavérique fit naître des frissons désagréables le long de sa colonne vertébrale. Il y avait un air de ressemblance. L'expression était frappante. Elle appelait à la mort. Elle représentait la mort. Elle la représentait elle.

« À la morgue ? »


« -Oui...restez sur place pour les derniers examens et témoignages, puis revenez au Yard. Je sens que le travail sera long. »

Ils hochèrent la tête et c'était ainsi que Lestrade les quitta. Il allait suivre le camion du médecin légiste jusqu'à la morgue. C'était le plan, mais une fois dans la voiture, il était resté un moment immobile, regardant à travers le pare-brise. L'aube avait fait place au matin et désormais il était bientôt midi. Pourtant, la brume s'était levée, s'étendant sur Londres comme un drap de soie. Ou un linceuil... À Londres c'était banal, mais lorsque l'on sort à peine de chez soi, cette maison qui était devenue pire qu'une prison, c'était déstabilisant. Il avait démarré lorsque le camion était passé près de lui. Le chemin ne fut pas assez rapidement pour l'Inspecteur qui ne fut guère enjoué en arrivant dans le stationnement de la morgue. La torture s'approchait. Lentement.

Ses jambes étaient en plomb lorsqu'il fut sortit de la voiture. Il avait eu alors l'impression de ciment ayant été versé à l'intérieur de ses os. Il s'était néanmoins forcé à avancer, suivant alors la civière où était bien enveloppé le corps. Cette chose sans nom qui lui faisait peur. Pas par son existence, mais par sa signification.

Arrivé dans la morgue, le froid le prit au corps. Était-ce la réelle température de la pièce ou bien était-il simplement tétanisé par l'endroit, par les murs qui l'entouraient, l'enfermaient ? Un endroit ne lui rappelant qu'absence et douleur. Départ et malheur. Ce qui avait ensuite suivit ne se rappelait à sa mémoire que très vaguement. Une brume épaisse et persistante dans son réseau mémoriel.

Cadavre.


L'éventré attaqué par un amateur. Barrez automatiquement l'énoncé suivant: « tueur en série » de la liste. Aucun organe volé. « Aucun désir de trophée. » « Peut-être pas prémédité. » Estomac déchiqueté et absence d'un objet s'y étant très certainement trouvé auparavant. « Deal de drogues ? » « Marchandage ayant mal tourné ? » « Conspiration gouvernementale ? » Un vol gouvernemental finissait étonnamment presque tout le temps dans l'estomac des voleurs. Voilà qui sonnait assez cliché. Suivant. Un vol tout simplement. Il savait que la victime était endetté. Conclusion logique. Conclusion partielle.

Mort.

« Empoisonnement ? » Non. « Mort de ? » Être éventré semblait avoir été suffisant. Vivant lors de l'opération donc. « Sauvage. Après colère ? » Probablement.

La salle tourna.


Regarder de plus près. Le médecin légiste lui avait montré ça, lui avait montré ceci, lui avait pointé quelques détails par-ci, par-là. Il avait écouté, de son mieux. Il avait regardé, de son mieux.

Sa main trembla.

-Votre téléphone inspecteur.

Il reprit contact avec la brutale réalité. Décrochant, il entendit la voix de Sally rajouter des détails. Nul encouragement. Nulle bonne nouvelle. Aucun autre témoin digne de ce nom. Les traces semblaient étranges. « Le tueur se serait enfuit avec ses vêtements tâchés de sang ? » Bon sang, ils auraient vu quelque chose, des témoins n'auraient pas joué les aveugles. Il écoutait. Elle parlait. Anderson ajoutait une phrase par-ci, par-là. Ils entrèrent en débat, il dut les rappeler à l'ordre. L'affaire se compliquait. Un tourbillon, une tornade, un mal de crâne qui l'assiégeait sans aucune pitié, aucun repos.

Dépouille.


Il avait conclu à un meurtre. Simple. Non prémédité. Par colère. Par jalousie peut-être. Brutal très certainement. Il en avait oublié le vol, les dettes. Il n'avait en tête que le meurtrier, les meurtriers peut-être ? Ils n'avaient pas de pistes, très peu d'indices, aucune motivation. Le néant total, béant, attirant.
Il commençait à se faire tard. Les heures passées avaient brûlées si rapidement...l'heure du dîner approchait. L'enquête sur le terrain, le parcours en voiture à travers la brume, la morgue. Comment une journée pouvait-elle disparaître dans tant d'odeurs putrides, dans tant de rumeurs de carcasses ?

-Qu'est-ce qu'on fait Lestrade ?

Toujours Sally au bout du fil. Qui se fiait sur lui. Il était supérieur, donc ils attendaient les ordres. Fous. Aveugles. Idiots. La pression était anormalement énorme, inutilement dérangeante.


« Rentrez au Yard. »

Il raccrocha. Le téléphone resta dans ses mains. Envahissait les nerfs de sa paume. Criait, hurlait. Il demanda au médecin légiste de sortir. Il n'était pas supposé, mais le fit quand même. Ils savaient tous que Lestrade était de confiance, mais le médecin ne resta pas loin. Lestrade trembla. Une journée. Une journée. Une fichue journée seulement. Il sentit quelque chose se briser.

Un seul chiffre.

Automatique.


« Sherlock...oui...j'ai une affaire pour vous. »

On essaie alors d'être mesuré, maître de soi, sûr de soi, paraître comme d'habitude, mais Lestrade avait laissé un grand silence les séparer un mois de temps. Sans donner de nouvelles, sans appeler, sans nouvelle enquête. Il avait beau tenter d'être normal, il savait qu'il ne réussirait sans doute pas à berner Sherlock. Il savait aussi que ce dernier n'en aurait cure. Alors autant s'épargner la peine de faire comme si...

« C'est plutôt urgent si vous voulez du frais. Rencontrez-moi à la morgue. Bart's. Je vous donnerai les détails. »

Conversation courte. C'était mieux ainsi. Il raccrocha. Il ne lui restait plus qu'à attendre. Attendre qu'on vienne le sauver de la noyade. Il n'arrivait pas à rester à la surface. Il coulait lentement. Presque littéralement...

L'intérieur d'une tombe. Ou bien le sentiment d'avoir été enterré vivant. Autour de lui, il n'y avait que des cadavres, il pouvait les sentir, il pouvait les entendre. Y avait-il réellement une barrière entre la vie et la mort. Le regard vide, il se tenait au milieu de la morgue, il réfléchissait, il fléchissait. Sa résistance et cette carapace qu'il s'était formées se craquelaient peu à peu, lentement, laissant des marques là où les fissures s'élargissaient. Était-il vraiment prêt à se relancer ? N'était-il pas revenu trop tôt, sur un coup de tête ? La pièce tournait. Elle se refermait sur lui. Il n'allait pas trembler, il restait droit, mais son regard parlait pour lui. Au moins n'y avait-il personne. Seulement lui et les morts. Lui et elle. Il frissonna. Il faisait froid dans la morgue.
Revenir en haut Aller en bas
Sherlock Holmes
Admin | The high-functioning Sociopath
Admin | The high-functioning Sociopath
Sherlock Holmes

•Messages : 306
•Né(é) le... : 06/01/1977
•Arrivé(e) le... : 19/09/2010
•Âge : 47
•Réside à... : 221b Baker Street
•Fiche : Boredboredbored...
•Thème : I'm clean !

ID.
☂ Profession: Détective Consultant
☂ Casier Judiciaire:
☂ Rumeurs:

[Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances... _
MessageSujet: Re: [Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances...   [Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances... EmptyMer 11 Jan - 22:56



Il y avait tant d'oiseaux qu'on avait l'impression que les platanes, noirs et noueux, s'étaient vêtus de feuilles fripées. De la fenêtre de son appartement, qui se nichait entre deux jumeaux dans Montague Street, Sherlock pouvait apercevoir cette singulière hiérarchie. Le froid se faisait ressentir par la façon dont les oiseaux serraient leurs ailes autour de leur petit corps duveteux. L'ennui se faisait ressentir par la façon dont ils guettaient la rue. Les volatiles et l'homme avide. Attendant un nouveau jour pour se hisser de la torpeur. C'était une maladie. Une malédiction.
Comme les sentinelles des rues, Sherlock se confina dans son fauteuil et sera les pans de sa robe de chambre autour de lui, recouvrant ses vêtements de jour dans son nouveau cocon bleu. boudant le monde entier pour son incapacité à le divertir. Il jeta un regard à son violon, mais il n'était pas d'humeur musicale. La forme de l'instrument, la longueur des cordes, le bois qui brillait... Tout était là, mais les gammes n'arrivaient plus à inonder ses neurones : l'inspiration était traîtresse et s'était enfuie au loin.
Peut-être autre chose, caché aux recoins d'un placard, à l'abri des regards et de la lumière, l'aiderait à raccourcir cette journée ennuyeuse ?... Mais pour une fois, rare choix, Sherlock y renonça.

C'est lorsqu'il repassait dans sa tête toutes les activités qu'il pourrait entreprendre à la place de ses vices -tester les réactions chimiques du baryum ou de l'antimoine, écrire un article à propos des fibres et les différencier dans les trois catégories principales...- que son portable sonna, coupant le fil de ses pensées. Peu de gens avaient l'habitude de l'appeler : mais même une petite conversation avec Mycroft était une lumière à l'horizon. Juste pour se mesurer à un adversaire qu'il adulait malgré tout. Mais au lieu d'une étincelle d'aube, ce fut un violent rayon de soleil qui le rechargea automatiquement, comme une pique d'électricité, une morsure d'adrénaline : Lestrade l'appelait.
Sherlock se fichait du passé : le silence de Lestrade ne le dérangeait pas plus que ça sur le plan social. Après tout, ils n'avaient pas d'amitié à entretenir et étaient de bien étranges collègues. C'était du moins le point de vue de Sherlock. Tout ce qui importait était le moment présent et l'avenir de sa journée.

-Sherlock Holmes.

Difficile de feindre l'ignorance, le calme. Même le ton de sa voix trahissait le sourire qui s'étirait sur sa bouche. Le mot "affaire" le faisait déjà bondir hors de son nid composés de coussins et il se débarrassa de sa robe de chambre.

-J'arrive immédiatement.



L'inconvénient quand on travaille sur des crimes sans être policier -un vrai détective privé-, c'est qu'explorer le terrain, avant tous les policiers, est un véritable luxe qu'on n'a pas toujours. Pour cette fois, malheureusement, Sherlock devait faire l'impasse sur les tâches révélatrices autour du corps, la météo qui avait agi sur l'état du cadavre, les lumières et les ruelles qui avaient assisté à la scène... Aussi prétentieux soit-il, il jugeait Lestrade assez bon pour pouvoir lui donner des détails suffisants : d'autant plus que si l'inspecteur l'avait appelé, il avait sûrement son devoir à la lettre.
Du moins, Sherlock l'espérait.

Les néons rendaient le linoléum plus pâle qu'il ne l'était déjà. À l'aide de rayons livides, la lumière artificielle creusait les traits figés, peignait des contrastes monstrueux sur les visages endormis. Certains y voyaient là une forme de beauté naturelle, mais il n'y avait pas de beauté sur un cadavre. Juste ses faiblesses physiques révélées au grand jour, sa fragilité qui n'avait d'égal que sa dégradation : la représentation de la vanité de l'existence la plus parfaite.
Sherlock, cependant, ne se plaignait pas de cette atmosphère chaotique, de ce blanc oppressant et vitreux : une salle de morgue était le meilleur endroit pour faire parler un cadavre. À propos de son histoire, ses secrets, car les indices, exposés de la sorte, ne pouvaient mentir.
Mais également les vivants. Certes, ils savaient forger leur regard, simuler leurs expressions et diluer les mensonges dans la salive. Et pourtant, certains signes ne pouvaient tromper. Après être entré dans la grande salle où seuls les portes métalliques et les brancards glacés faisaient offices de meubles, Sherlock lança quelques regards à l'inspecteur avant de se charger du cadavre. Cette sale manie, qui perturbait les gens qui se sentaient photographiés, étudiés. Sherlock observait avec des coups d'œil qui étaient terriblement cinglants, trop curieux et pressants. Certes, le détective ne posait aucune question, mais cette analyse déplacée était déjà suffisante.

-J'espère que votre manque de sommeil ne vous a pas empêché de voir correctement : j'ai besoin de détails. Et précis.

Comme lui dira un ami précieux dans quelques années, Sherlock voit à travers tout, mais est incroyablement ignorant. Cela s'applique pour le système solaire, mais aussi pour le tact social et les relations. Il avait pourtant calculé la perte de poids de Lestrade grâce à la forme que prenait son manteau et son cou. Le rasage négligé mais frais, comme le prouvait les réactions rougeâtres de la peau et les restes de crème, traduisait dans la plupart des cas une dispute vieille de quelques semaines. Pourtant, Sherlock savait que les relations entre Emily et son mari, connaissant des hauts et des bas comme pour toutes les paires d'âmes, reposaient sur un équilibre que tous les couples n'avaient pas la chance de savourer. Il fit rapidement le lien entre le mois passé sans appel de Lestrade et son absence sur le terrain qui s'était étendu sur plusieurs semaines.
Si Lestrade s'était absenté une petite semaine, c'est que le couple aurait connu une mauvaise passe. Une rupture impliquait beaucoup de paperasse et, malgré le calme omniprésent de Lestrade, il serait anxieux et non abattu. Dans tous les cas, Sherlock se tenait probablement devant un nouveau veuf.

Sherlock retira le drap, dévoilant un cadavre prêt à être nettoyé. Même ses vêtements avaient été retirés alors qu'ils étaient aussi bavards que les blessures. D'un point de vue général, il constata que la cause de la mort était probablement l'énorme blessure béante au niveau de l'abdomen. Autour des deux lèvres boursoufflées que formaient les chairs, on distinguait des traits rouges à la volée : ante-mortem et signature d'un amateur droitier vu la direction des légères coupures. Bien sûr, Sherlock garderait ça pour lui : telle une boîte noire à secrets, il gardait toujours ses constatations et ses idées comme un avare pourrait garder ses perles et ses diamants.

-Où a-t-il été trouvé ? Son corps a-t-il été déplacé ?

Protégés par des gants en latex blanc, accessoires réglementaires des médecins légistes, des policiers et d'un certain Sherlock Holmes, ses doigts effleurèrent la plaie rigide. Probablement ante-mortem aussi, la chair avait hurlé sous le mordant d'une lame, encore chaude, encore vivante. Puis, il se heurta aux organes : la plupart étaient abîmés, sûrement à cause des coups de couteau hasardeux, mais seul l'estomac était véritablement ravagé. Le meurtre, s'il n'avait pas été prémédité plusieurs heures à l'avance, avait pourtant un but : la section sur l'estomac était volotnaire. De plus, les sucs gastriques venaient à peine de se déclencher alors qu'il y avait peu de reste de nourriture : la victime avait certainement mangé plusieurs heures avant de subir ce drame.
Que contenait cette poche alors ?

-Portait-il des vêtements sombres ? Et où se trouvent ses affaires personnelles ?

Sherlock planta son regard dans celui de Lestrade.

-Vous n'avez manqué aucun détail, Lestrade ? Si votre absence d'un mois a rouillé vos habitudes, je préfère aller sur la scène moi-même.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
http://the-padaway-of-life.tumblr.com/
 

[Flashback - Sherlock] Je recule, tu avances...

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sherlock 21st Century :: City of London :: St Bartholomew's Hospital-